De notre correspondante
C'est la dernière ligne droite pour le projet Etoile (Espace de traitement oncologique par ions légers), qui doit aboutir à la création à Lyon d'un centre d'hadronthérapie dédié au traitement des tumeurs cancéreuses rebelles à la radiothérapie classique.
Le projet est né à l'initiative l'université Claude-Bernard en 1999 et est aujourd'hui inscrit dans la mesure 70 du plan Cancer. Son lancement « pourrait être fait en 2004 », a annoncé son directeur scientifique, Joseph Remillieux, en prélude au congrès qui s'ouvrira le 2 octobre à Lyon. Plus d'une centaine de spécialistes mondiaux, médecins radiobiologistes, physiciens, informaticiens et responsables de centres de traitement du cancer y sont attendus pour faire le point sur l'hadronthérapie.
Premiers patients en 2008
Si le gouvernement donne son feu vert, il s'agira du plus gros investissement dans le traitement du cancer, soit un budget estimé à 88 millions d'euros par les promoteurs d'Etoile. Dans cette hypothèse, « les premiers traitements à Lyon pourraient démarrer en 2008 », précise Joseph Remillieux.
D'ici là, les promoteurs de ce centre qui sera unique en France ont du grain à moudre : « Une première réunion est organisée en novembre, afin de créer, autour du futur centre, un groupement de coopération sanitaire entre les trois CHU de la région Rhône-Alpes et le centre anticancéreux Léon-Bérard », explique le directeur scientifique. L'envergure de ce projet requiert également une collaboration européenne, avec tous ceux ayant déjà l'expérience derrière eux, à savoir les chercheurs de Darmstadt, en Allemagne, qui disposent d'un centre expérimental, ainsi que les médecins et scientifiques autrichiens, italiens et suédois, dont le projet d'installation semble déjà très avancé. « L'objectif est aussi de prendre un maximum de décisions communes, afin d'avoir des prises industrielles, pouvoir réduire les coûts et accéder à un appareillage standardisé en Europe », observe Joseph Remillieux.
Le soutien de l'Etat et des collectivités
En matière de recherche des financements nécessaires, le tour de piste commencera dès que le groupement de coopération hospitalière sera en place. Un financement dont le manager du projet, Joël Rochat, estime qu'il pourrait être obtenu pour moitié par emprunt et pour l'autre moitié par subventions publiques à répartir entre l'Etat et les collectivités territoriales.
La partie semble plutôt bien engagée du côté du ministère de la Recherche, mais également avec la région et le Grand Lyon. « C'est officieux, confie Joël Rochat, mais ces collectivités nous ont déjà apporté leur soutien oralement. »
Pour mieux évaluer l'hadronthérapie, et probablement convaincre les financeurs, un groupe de travail européen, piloté par le Dr Pascal Pommier, radiothérapeute au centre Léon-Bérard, a engagé toute une série d'études médico-économiques : « La méthodologie que nous comptons suivre pour modéliser le coût des traitements par type de tumeur et qui permettra de comparer les différents projets européens sera présentée lors de ce 9e Congrès », annonce le manager d'Etoile. Le gain thérapeutique fait lui aussi l'objet d'études de plus en plus fines. Les premiers résultats obtenus sur une série de 1 500 malades traités à Darmstadt et à Chiba (Japon), où fut installé le premier centre d'hadronthérapie en 1994, révélaient « des taux de succès allant de 40 à 100 % », rappelle Joseph Remillieux. Depuis, le Japon s'est doté d'un deuxième centre en 2002, et l'Allemagne a poursuivi ses expérimentations. Les directeurs de ces centres, invités au colloque, pourront donc présenter un bilan plus précis des résultats colligés, notamment sur certaines tumeurs inopérables et sur le cancer du poumon.
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