Aux cris de « MG en danger ! », plus de 150 médecins généralistes se sont rassemblés à Lyon pour manifester leur ras-le-bol devant l’Agence régionale de santé (ARS) de Rhône-Alpes. « Il y a des médecins de toute la région », souligne le Dr Vincent Rébeillé-Borgella, ancien secrétaire général de MG France. Les estimations du syndicat font état de près de 70 % de grévistes dans le Rhône. Pour mieux enfoncer le clou, les manifestants ont décidé de mettre en scène la mort programmée de la médecine générale.
« Les généralistes sont écrasés à coup de statistiques ! », clame une voix dans un haut-parleur, tandis que plusieurs médecins s’écroulent dans la rue, devant les portes de l’ARS. Leurs confrères viennent déposer sur leurs corps inertes des pancartes portant la mention « J’étais médecin généraliste », en guise d’épitaphe.
« Les MG meurent par manque de moyens ! », reprend la voix, provoquant à nouveau l’effondrement de médecins. « Les MG sont épuisés par le manque de successeurs ! »...
À chaque phrase, le nombre de praticiens à terre s’agrandit. Enfin, la voix reprend : « la médecine générale refuse cette mort programmée... Debout les généralistes ! ». Et tous les médecins se relèvent au milieu des applaudissements.
Tiers payant unique et garanti
À l’aide du porte-voix, le Dr Florence Lapica, déléguée régionale de MG France, liste ensuite les revendications de ses confrères. « On ne peut plus accepter l’absence d’équité tarifaire avec les autres spécialités, la visite du médecin généraliste à 33 euros, le manque de moyens qui obligent certains généralistes à travailler dans des locaux exigus, la baisse de notre formation continue, ou la médecine générale administrée par l’État », égrène-t-elle.
Les médecins généralistes rassemblés assurent qu’ils ne sont pas contre la dispense d’avance de frais prévue par le projet de loi de santé, contrairement à ce que laissent entendre certains médias. « Nous voulons simplement un tiers payant unique et garanti, avec un seul payeur, explique le Dr François Cantrelle, médecin généraliste à La Mulatière, près de Lyon. Il faut que l’assurance-maladie s’occupe de tout et que les médecins n’aient pas à contacter des centaines de mutuelles pour s’assurer qu’ils seront bien remboursés. Ils n’ont pas de secrétariat pour s’occuper de ce travail et pas le temps de le faire eux-mêmes ! »
Dans le Rhône, l’expérimentation du médecin référent en 1999, prévoyant la mise en place du tierspayant chez le généraliste, a prouvé que ce système pouvait fonctionner, même s’il n’a pas été poursuivi. « Il faut que les 23 euros arrivent sur notre compte et que cela ne pose pas de problème, renchérit le Dr Yves Schmit, généraliste dans la Drôme. Récemment, j’ai voulu proposer le tiers payant à un patient, mais sa mutuelle ne me connaissait pas et j’ai dû renseigner tout un tas d’informations, cela m’a pris un temps fou ! Si les pouvoirs publics veulent généraliser le tiers payant, il nous faut la garantie d’un système qui roule », conclut-il.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature