La non-reconnaissance du travail accompli par le médecin est décrite comme une cause du burn out. À tous mes confrères qui ressentent comme une injustice l’ignorance, par les autorités, de leur dur labeur, j’apporte une nouvelle réconfortante : imaginé par ma modeste personne, un concept novateur est en passe de révolutionner cet état de fait. Je me lance dans la réalisation d’une émission de réalité intitulée « Les Docs à Miami », série au cours de laquelle des médecins de famille voyageront en compagnie de créatures pulpeuses. J’assure un passage à Ford Boyard ainsi qu’une soirée chez Ruquier (blagues carambar à préparer). En cas de prestation réussie, la légion d’honneur vous tendra les bras. Les volontaires peuvent me contacter via « le Quotidien ».
PS : toute ressemblance avec des personnes existantes est indépendante de ma volonté, alors ne venez pas me casser les pieds.
On/off
Il y a cette petite voix intérieure qui habite chacun d’entre nous. Cette petite voix que nous étouffons souvent parce qu’elle est celle, mutine et irrévérencieuse, qui risquerait de nous faire passer pour ce que nous sommes : des Humains.
C’est la voix off des cinéastes ; le moi des psychanalystes que le surmoi censure ; le tonnerre qui gronde ; la brise qui souffle ; le soleil qui réchauffe, et qui éclaire le court-métrage intime d’une rencontre entre un malade et son médecin. Et que dans ce cas précis, acteurs et spectateurs se confondent.
Il y a la voix off qui dicte au médecin de se taire et d’entendre la souffrance. Celle qui le pousse sans effort à manifester sa joie devant la guérison, le soulagement d’une douleur intense ou l’annonce d’une éclaircie dans le ciel noir d’une existence chaotique.
Il y a la voix off qui déborde, qui sort de son lit sans qu’on l’ait invitée à le faire : c’est la colère qui porte les mots blessants que l’on regrette au moment même où on les prononce.
Et puis, il y a les voix off de la catharsis personnelle et secrète qui aident à tenir, à avancer dans une forme de duplicité assumée, de transgression salvatrice devant des mots ou des questions qui n’appellent pas vraiment de réponse.
– Installez-vous Madame V., je vais vous faire un frottis…
– Il faut que j’enlève mes collants ?
(Ben non, garde-les, ça va être tellement plus pratique…)
– Euh oui, faites donc Madame, faites donc.
Et puis :
– Vous allez aller passer une radiographie Monsieur P., il faut s’assurer que cette pneumopathie est guérie…
– Je vais chez le radiologue ?
(Bah oui tiens, bonne idée, ou alors chez ton concessionnaire Volkswagen, mais ça risque d’être plus compliqué…)
– Oui, comme la dernière fois…
Et encore :
– Je vais vous adresser au gastro-entérologue Madame K., c’est le moment de refaire une coloscopie.
– Je prends rendez-vous ?
(Mais non, tu y vas tout de suite, tu sonnes, et le type va te la faire comme ça, direct, avant même de te serrer la main…)
– Oui oui, un instant, je vous donne son numéro…
Aux esprits chagrins nourris à la mamelle de l’Éthique, je veux dire qu’il n’y a aucun mépris, aucun cynisme dans mes propos ; et je mets au défi mes confrères de n’avoir jamais entendu résonner de tels mots venus des profondeurs abyssales de leur cartésianisme malmené.
« Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés… »
Faisons donc en sorte de laisser au colloque singulier sa fonction de préservation des secrets. Que cela ne nous empêche pas, malgré tout, de nous autoriser à en rire…
Générique = médicament princeps ?
À propos d’un cas (parmi tant d’autre) : un homme de 40 ans traité pour une hypercholestérolémie familiale depuis quelques années avec du Tahor 10 (Pfizer) bien équilibré avec des CPK oscillant entre 250 et 460 UI.
Fin 2012, le pharmacien lui délivre Atorvastatine 20 (Pfizer) lot 0884042, à raison d’un comprimé un jour sur deux, ce qui a entraîné après 3 mois des myalgies avec des CPK à 1 577 UI.
Il a donc repris le Tahor 10 avec un contrôle à un mois à 415 UI, à deux mois 344 UI, et six mois 182 UI !!!
On avait alors évoqué comme responsable une période d’entraînement sportif intense dans le cadre d’un marathon.
Nous avons donc tenté la reprise du même générique (le reste des comprimés restants), mais sans activité sportive. Le contrôle des CPK à trois mois : 2 388 UI !, suivi d’un contrôle des CPK à un mois sans aucun traitement à 177 UI. No comment.
On peut donc remarquer que les deux médicaments sont issus du même laboratoire : cherchez l’erreur.
Mes chers confrères, continuez à avaler des couleuvres, ce n’est pas grave.
Quand vos patients arrêtent à votre insu tel ou tel médicament parce que ce n’est pas la « même boîte », ce n’est pas grave.
Quand le médecin ne sait pas à quel médicament princeps correspond telle DCI, ce n’est toujours pas grave ?
Quand la Chine nous envoie des tonnes de médicaments falsifiés (dernière prise des douanes du port du Havre), ce n’est pas grave ?
Quand la CPAM indemnise les professionnels de santé « libéraux » (médecins, pharmaciens) pour
inciter une telle erreur, un tel non-sens, là je considère que c’est TRÈS GRAVE, et même scandaleux.
À qui cela profite-t-il ? Pourquoi le générique existe-t-il ?
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