EN QUATRE ans, le nombre de patients atteints de dysfonction érectile et traités par des injections intracaverneuses de PGE1 a été multiplié par 10. Il faut dire que, en cas d'inefficacité des traitements oraux, ces injections constituent l'alternative préférée non seulement des médecins, mais aussi des patients. L'enquête Pistes (1) montre que les premiers leur donnent la préférence pour leur efficacité puisqu'elles évitent que le patient ne soit une seconde fois en situation d'échec. Plus récente et présentée au MEDEC, l'enquête Easy rapporte que ces injections permettent un rapport sexuel toujours ou plus de une fois sur deux chez 81 % des patients, mais aussi que 82 % des patients les trouvent faciles à réaliser, que 81 % ont confiance pour les rapports sexuels et, enfin, que la grande majorité d'entre eux considèrent la douleur de l'injection comme « négligeable à faible » sur une échelle visuelle analogique.
Pour tous ces patients, le médecin généraliste joue un rôle essentiel en tant que premier interlocuteur. Il doit savoir évoquer la question de la dysfonction érectile avec tact, mais sans détour, au cours de la consultation, dépister les échecs des traitements oraux prescrits en première intention, mais aussi former ses patients à la technique des injections intracaverneuses, après avoir été lui-même initié à ce geste simple, mais précis. Il doit, enfin, suivre son patient de manière rapprochée jusqu'à parfaite équilibration du traitement à la suite de la titration initiale.
Quatre profils types.
Concrètement, les patients que le médecin généraliste est le plus souvent amené à prendre en charge pour un problème de dysfonction érectile sont en premier lieu les diabétiques et les sujets porteurs de risque cardio-vasculaire ; en second lieu, les prostatectomisés et les blessés médullaires.
Chez les diabétiques et les patients à risque cardio-vasculaire, la dysfonction est d'origine endothéliale et, dans ces deux cas de figure, les injections intracaverneuses sont d'autant plus efficaces qu'elles mettent en jeu un système enzymatique autre. Autres avantages : elles n'effraient pas les diabétiques, habitués aux auto-injections, et elles ne sont pas à l'origine d'interactions médicamenteuses chez les coronariens, y compris avec les dérivés nitrés.
Environ 80 % des prostatectomisés sont concernés par la dysfonction érectile (atteinte neurologique 9 fois sur 10) et, chez ce type de patients, les injections intracaverneuses de PGE1 sont conseillées dès le postopératoire, afin d'améliorer l'oxygénation du corps caverneux et donc de limiter la fibrose tissulaire, en d'autres termes d'entretenir la mécanique du système en attendant que l'érection se réhabilite. Cela dit, ce traitement par injections intracaverneuses est définitif si les nerfs érecteurs n'ont pas été préservés lors de l'intervention.
Les blessés médullaires, enfin, ont souvent une érection, mais elle est insuffisante en rigidité et en durée. Ils répondent en général bien aux injections intracaverneuses d'Edex, à des doses faibles du fait de la normalité de leur système vasculaire. Une prise en charge spécifique est cependant nécessaire pour leurs autres déficiences, incontinence urinaire ou anale notamment.
(1) Desvaux P. Corman A. Pinton Ph. Prise en charge de la dysfonction érectile en pratique quotidienne : Etude Pistes. Progrès en urologie (2004) ; 14 : 512-520.
D'après les communications du Dr Pierre Desvaux (hôpital Cochin, Paris), du Dr Marc Ganem (président de la Sfsc, Paris), du Dr Antoine Lemaire (Lille), du Dr Denis Baron (La Rochelle), du Dr Edouard Amar (hôpital Bichat, Paris), du Pr Pierre Denys (hôpital Raymond-Poincaré, Garches) et Benjamin Alexandre (Lille) dans le cadre d'un amphi du MEDEC parrainé par Schwarz Pharma.
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