La douleur aiguë provoquée par les soins (piqûres, ponctions, pansements d'escarre), les traumatismes et les explorations invasives ; la douleur de l'enfant, insuffisamment prise en charge ; et la prise en charge de la migraine, qui, malgré sa « banalité » apparente et sa fréquence (15 % de la population), peut devenir une pathologie particulièrement invalidante. Telles sont les trois priorités nationales que retient Bernard Kouchner dans le cadre du nouveau programme de lutte contre la douleur. Un programme quadriennal pour 2002-2005 qui va relayer le plan de lutte contre la douleur que le même ministre de la Santé avait lancé en 1997 pour mettre la douleur « au centre des préoccupations de tout professionnel de santé » (« le Quotidien » du 15 décembre 1997).
Pendant ces trois ans, l'offre de FMC sur le thème de la douleur a été multipliée par trois, un million de réglettes de mesures de l'intensité de la douleur ont été distribuées, les ventes d'antalgiques de niveau XX ont progressé de 8 % par an, celles des antalgiques de niveau 3 augmentant jusqu'à + 16 % en 1999 et + 20 % en 2000 et plus de 5 000 pompes d'analgésie autocontrôlée (PCA) étaient acquises par les hôpitaux. Autant d'avancées marquantes de la « culture de lutte contre la douleur ».
Un centre expérimental sur la migraine de l'enfant
Le deuxième plan douleur, avec ses trois priorités, s'articule autour de cinq objectifs qui ont été élaborés en collaboration avec le Collège national des médecins de la douleur (CNMD) et la Société d'étude et de traitement de la douleur (SETD).
- Pour améliorer, tout d'abord, l'accès de la personne atteinte de douleurs chroniques rebelles à des structures spécialisées, le programme prévoit la création de 49 consultations, 8 centres, 20 postes de praticiens hospitaliers, ainsi qu'un centre expérimental de référence sur la migraine de l'enfant, à l'instar du centre de la migraine de l'hôpital Lariboisière, à Paris, qui sera situé à l'hôpital d'enfants Armand-Trousseau à Paris. D'un budget estimé à 35 millions de francs, ces mesures seront financées par l'enveloppe de mesures nouvelles de santé publique dont une partie est réservée à la prise en charge de la douleur et aux soins palliatifs.
- L'information et la formation de l'ensemble des professionnels de santé va être améliorée. Douze thèmes ont été retenus qui intègrent les connaissances nécessaires à une prise en charge quotidienne de la douleur, à l'attention des médecins, dentistes, biologistes, etc. Ils feront l'objet d'une diffusion sur Internet et sur support papier. Les principes d'organisation de la formation médicale continue, qui devient obligatoire, intégreront une « attention toute particulière à la formation à la prise en charge de la douleur ». Et un centre national de ressource de la douleur sera créé, doté d'une médiathèque ouverte à tous les professionnels, pour développer notamment la recherche clinique sur la douleur au quotidien.
- Les établissements de santé vont être conduits à s'engager dans une démarche d'amélioration de la qualité de la prise en charge de la douleur des patients. Certains établissements ont mis en place un comité de lutte contre la douleur (CLUD), d'autres ont inscrit cette démarche au niveau de la structure qualité. Le plan souligne que c'est dans tous les cas l'implication réelle du chef de service et du cadre infirmier qui déterminent la mise en place effective des bonnes pratiques. Dès le premier trimestre 2002, un guide méthodologique va être diffusé pour aider les cliniciens dans une prise en charge cohérente de la douleur. Les réseaux santé appliqués aux soins palliatifs, au cancer et aux personnes âgées intégreront, en outre, la dimension douleur.
125 postes d'infirmiers référents
- Le rôle de l'infirmier va être renforcé, notamment dans la prise en charge de la douleur provoquée. 125 postes d'infirmiers référents douleur seront créés pour aider à la mise en place du programme de lutte contre la douleur des établissements et les actions de formations seront développées en 2003, 2004 et 2005.
- Les usagers apprendront à être des acteurs de l'amélioration de la prise en charge de la douleur. Alors que les droits du patient font l'objet d'un important train de réforme législative, on n'en attendait pas moins. Un contrat d'engagement douleur, en particulier, va remplacer le carnet douleur. Il sera remis à chaque hospitalisation avec le livret d'accueil de l'établissement et sera disponible au 1er semestre 2002. Il intégrera des messages sur la prévention de la douleur provoquée, la douleur postopératoire et l'utilisation des échelles d'évaluation de la douleur. Une large campagne de sensibilisation sera développée à l'attention des enfants de maternelle et de cours préparatoire afin de leur faire mieux connaître l'hôpital. Enfin, des états généraux de la douleur seront lancés dès le début de 2002 dans quatre régions (Aquitaine, Basse-Normandie, Picardie et Rhône-Alpes) pour aider à l'identification des besoins.
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