Bêtabloquants : interdits par la Fédération française d'athlétisme (FFA), mais non recherchés, donc autorisés, par la Fédération internationale des associations d'athlétisme (IAAF) ; cannabinoïdes : interdits par la FFA mais non recherchés, donc autorisés par l'IAAF. Ces deux exemples, parmi d'autres, illustrent les écarts entre les listes de substances interdites selon les instances sportives.
Entre elles et le ministère des Sports, la négociation a été serrée, le mois dernier, pour parvenir à un commun dénominateur, généralement conforme aux prescriptions du Comité international olympique (CIO), lequel prévoit une certaine souplesse dans l'arsenal des contrôles.
Les corticostéroïdes seront interdits par voie générale, mais autorisés en traitement local. Ce qui risque d'ouvrir la voie à la contestation, car la discrimination entre les deux modes d'administration est relativement malaisée, les prises locales pouvant donner lieu à des traces dans l'élimination urinaire.
Les bêta 2-agonistes et sympathomimétiques, dont l'utilisation va crescendo, note le Dr Gabriel Delay, responsable du département antidopage de l'IAAF, délégué pour superviser les contrôles à Saint-Denis, seront recherchés, tout comme les vasoconstricteurs locaux et les « stimulants mineurs » que sont l'heptaminol et la caféine. Mais un résultat positif n'exposera qu'à la disqualification de l'épreuve avec avertissement, la suspension pour deux ans n'étant prononcée qu'en cas de récidive.
Pour l'EPO, les prélèvements sanguins et urinaires seront effectués concomitamment, mais limités aux athlètes engagés dans des épreuves de demi-fond et de fond.
Quinze médecins assermentés du ministère des Sports seront chargés des prélèvements. En tout, 400 tests sont prévus, les premiers à partir des 17 et 18 août à l'entraînement, à la fois des contrôles inopinés préalables et des vérifications auprès des vainqueurs des épreuves.
Tests rapides
« En volume, précise Michel Marle, vice-président de la FFA chargé de la lutte antidopage, c'est un peu plus qu'aux précédents Championnats du monde, au Canada. Des procédures ultrarapides sont prévues pour que le laboratoire national antidopage de Châtenay-Malabry communique ses résultats en 24 heures au maximum, 36 heures pour les contrôles EPO. » Les sanctions éventuelles seront prononcées sous le contrôle du Dr Delay, avec effet immédiat, même dans le cas où le sportif demande une contre-analyse de l'échantillon B.
Des sanctions dont la fréquence rejoint, pour l'athlétisme, la moyenne de celle observée dans les autres disciplines : entre 0,5 et 1,5 % de contrôles positifs.
A la FFA, on promet que la France aura à coeur d'illustrer à l'occasion de ces championnats sa réputation d'exigence éthique et de sévérité. Les dirigeants de l'IAAF jugent cependant ces cocoricos quelque peu immodestes venant d'un pays qui, par exemple, n'a toujours pas d'agence nationale antidopage.
Cela dit, le suivi longitudinal biologique et cardiologique, instauré par la loi Buffet de 1999, garantit un contrôle diversifié (ECG, échocardiographies, épreuves d'effort, suivis biologique et nutritionnel). Médecin des équipes de France, le Dr Philippe Deymié, 44 ans, est responsable de ces examens chez les « 100 » (les athlètes les mieux classés). « Le suivi gagnerait à être élargi aux 400 meilleurs, voire aux espoirs, préconise-t-il . Mais les moyens financiers sont comptés. »
Le médecin fédéral ne limite pas sa prestation aux seuls examens biologiques : « Avec les quatre kinés de la FFA, nous travaillons beaucoup la récupération et l'échauffement. La traumatologie également. Mais, insiste-t-il, les dirigeants ne m'ont jamais demandé de médailles. Le médecin n'est pas là pour garantir les résultats, ni pour pallier d'éventuelles déconvenues. Mais pour veiller sur la santé des athlètes. »
C'est aussi le sens de l'appel que le Dr Delay lance à tous les généralistes : « En présence d'un sportif, vous devez toujours vous référer à la liste des substances interdites et ne pas oublier qu'une prescription médicale ne suffit pas pour lever une interdiction : des dossiers sont à constituer avec l'historique du patient, les comptes rendus des explorations fonctionnelles et tous les tests ad hoc . En fait, il faut que les médecins soient eux-mêmes sensibilisés à la culture de l'hygiène de vie et de l'équilibre diététique ; qu'ils mettent en garde les sportifs contre les risques liés aux abus médicamenteux. Et contre les dangers de tous ces complexes vitaminés et autres suppléments nutritionnels vendus sur Internet et qui contiennent de plus en plus souvent des précurseurs d'anabolisants. » L'éthique ne doit pas rester l'apanage des seuls médecins du sport.
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