Apparemment, le sommet de Copenhague, qui a réuni la semaine dernière dans la capitale danoise les instances politiques, les représentants du mouvement sportif et les principales organisations antidopage, devrait faire date dans l'histoire de l'éthique sportive.
Cinq ans après le Tour de France de 1998, qui avait fait éclater au grand jour les pratiques dévoyées de beaucoup de sportifs de haut niveau, quatre ans après la Conférence de Lausanne qui s'en était suivie et qui avait mis sur les rails l'Agence mondiale antidopage (AMA), voici que les 1 000 délégués de Copenhague se sont levés comme un seul homme pour adopter par acclamation la résolution finale qui définit, avec le code mondial antidopage, « le fondement de la lutte contre le dopage dans le sport à l'échelle mondiale ».
Longue d'une cinquantaine de pages articulées en 24 points, cette charte définit tout d'abord les produits interdits comme ceux qui répondent à deux des trois critères suivants : ils améliorent potentiellement la performance, ils présentent un risque (réel ou potentiel) pour la santé du sportif et leur usage est contraire à l'esprit sportif ; feront également l'objet d'une interdiction les substances susceptibles de masquer l'usage de produits ou de méthodes prohibés.
Chaque année, l'AMA actualisera une liste exhaustive. Concernant les autorisations accordées pour l'usage à des fins thérapeutiques (par exemple pour les corticoïdes), une procédure standard dûment définie devra être suivie.
Le code met d'autre part fin au système de défense connu sous la formule « à l'insu de mon plein gré » : point ne sera besoin de faire la preuve de l'intention, de la faute, de la négligence ou de l'usage conscient de la part du sportif pour conclure qu'il a bien violé les règles. Quant au volet sanction, il se veut impitoyable, quoiqu'à double détente : suspension de deux ans pour la première violation avant la radiation à vie dès la seconde. Pour le personnel d'encadrement du sportif, toute implication sera passible d'une suspension entre quatre ans et à vie.
Des recours sont quand même possibles : dès lors qu'il aura démontré comment la substance interdite s'est retrouvée dans son organisme et que cette modalité n'est aucunement due à une faute ou à une négligence de sa part, la suspension pourra être annulée. Elle sera réduite (mais pas plus que de moitié) si faute ou négligence il y a eu, mais qu'elles ne présentent pas de caractère significatif.
Le code prévoit encore que pour les sports par équipe, si plus d'un membre est positif, c'est l'ensemble de l'équipe qui se verra disqualifiée.
Acte de baptême
Toutes ces mesures sont saluées comme l'acte baptême de la lutte mondiale contre le dopage, mais nul ne cache qu'un long chemin reste à accomplir avant qu'une loi universelle s'applique à tous les sports de la planète. Deux points restent en particulier à régler : la question de l'automaticité et de l'uniformité des sanctions, l'AMA ayant dû céder aux pressions des fédérations qui refusent de renoncer à leurs marges de manœuvre ; et celle de l'immunité dont bénéficient les ligues professionnelles, en particulier nord-américaines. Ces ligues, dont les statuts et les habitudes sont plus proches de celles des entreprises de spectacles que des associations sportives, ont certes été invitées par le directeur de la politique fédérale américaine de contrôle antidopage, John Walters, à « se soumettre » aux accords de Copenhague, elles n'en restent pas moins totalement indépendantes de leurs règlements. C'est ainsi que les ligues de basket, de hockey et de base-ball continuent d'autoriser l'éphédrine, un stimulant que l'AMA mentionne dans sa nomenclature des produits interdits.
Le combat continue donc : la conférence de Copenhague fixe officiellement à 2006 l'adaptation de toutes les législations nationales. D'ici là, les jeux Olympiques d'Athènes, en août 2004, devraient accélérer le cours de l'histoire : le Belge Jacques Rogge, président du Comité international olympique (CIO), rappelle que tout sport qui ne se serait pas mis en conformité avec le code à cette date serait rayé. « Aucun doute » pour lui que les fédérations choisiront de jouer le jeu de l'éthique pour participer aux jeux.
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