Une enquête sur l'utilisation du stylo injecteur (SI) par les soignants réalisée dans 26 hôpitaux, d'octobre à décembre 2000, fait apparaître que un de ces établissements sur deux a déclaré un accident percutané (APC) imputable au SI*.
Selon le Groupe d'étude sur le risque d'exposition des soignants aux agents infectieux, 57 APC ont été enregistrés en un an. Ils représentent la moitié de l'ensemble des accidents lors d'injections sous-cutanées et le tiers de ceux survenus dans les 26 hôpitaux, pour la même période. Pour une grande part, ils sont localisés dans les services de médecine, toutes spécialités confondues, 57,9 %, et en gérontologie, 17,6 %. Ils concernent essentiellement les infirmiers. Ces accidents surviennent le plus souvent dans la chambre du patient (64,6 %), à un poste de soins (20,9 %) ou dans un couloir (12,5 %).
Près de une fois sur trois la piqûre est profonde ; les trois quarts des APC ont lieu sur une peau non protégée par un gant ; et, dans 44 % des cas, il n'y avait pas de collecteur à portée de main lors de l'injection. Enfin, trois accidents sur cinq se produisent au moment de la désadaptation ou du recapuchonnage de l'aiguille, contre seulement 10,6 % avec des seringues classiques.
Un usage limité à l'autoadministration
A ce jour, « si aucun cas de contamination par le VIH à la suite d'un APC avec aiguille SC n'a été recensé en France, trois cas de contamination par le VHC on été décrits après piqûre avec aiguille de faible calibre (sous-cutanée, lancette et aiguille à suture) ». Enfin, relèvent les enquêteurs, l'emploi de stylo injecteur par les infirmiers peut induire « un risque de contamination entre patients », en l'absence de respect des règles de base, à savoir la limitation de un SI à un seul patient et la décontamination de la tulipe de désadaptation avant son utilisation avec un autre stylo. Des cas de transmission du VHB et du VHC ont été rapportés à la suite d'un emploi inadapté de dispositifs autopiqueurs pour prélèvement capillaire.
En définitive, « il semble souhaitable », selon les enquêteurs, de recommander aux soignants de continuer à recourir, dans les services, aux seringues.
En ce qui concerne les stylos injecteurs, ils devraient être réservés à une utilisation individuelle par le patient dans le cadre de l'autoadministration sous-cutanée d'un médicament, tel que l'insuline, l'interféron ou encore l'apokinon.
* Il s'agit des hôpitaux d'Albi, Apt, Berck-sur-mer, Bichat - Claude-Bernard AP-HP, Brive, Briis-sous-Forges, Cavaillon, Dax, Dole, Dreux, Evreux, Gap, Isle-sur-Sorgue, Issoire, Laon, Luçon, Montbéliard, Neufchâteau, Pertuis, Sarlat, Saint-Amand-Montrond, Saint-Denis, Saint-Etienne, Strasbourg, Thonon-les-Bains, et Tourcoing.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature