FONDÉE EN 1896, l'Association française d'urologie (AFU), fédère aujourd'hui 85 % des urologues français, qu'ils soient praticiens hospitaliers ou libéraux. Fidèle à son devoir d'information et d'action en faveur de la formation, l'AFU a fait de son congrès un lieu privilégié de formation continue, où sont abordés, traités, discutés les enjeux de l'urologie d'aujourd'hui et de demain. A travers les communications des différents comités de l'AFU, le point sera fait sur les avancées scientifiques de leur spécialité et les points de vue pourront être partagés sur les technologies innovantes et les dispositifs médicaux.
Les dispositifs médicaux.
L'urologie moderne a intégré ces dispositifs médicaux depuis de nombreuses années. Les Prs Jean-Louis Pariente et Pierre Conort présenteront une analyse des différents biomatériaux utilisés dans leur spécialité, explicitant les bénéfices et les risques de chaque dispositif. En effet, on peut s'étonner du manque actuel d'informations précises concernant les biomatériaux, pourtant utilisés quotidiennement par les urologues (prolapsus, incontinence urinaire, reflux vésico-rénaux, obstructions des voies urinaires, troubles de l'érection, drainage des urines...). La part du cursus médical consacrée aux biomatériaux est presque inexistante, le problème de la biocompatibilité est complexe (puisqu'elle repose sur des éléments thérapeutiques, physiques et chimiques qui échappent souvent au médecin). De plus, la législation qui encadre la commercialisation des dispositifs médicaux est peu contraignante. En effet, bien que la législation concernant le médicament soit très lourde, il suffit, pour commercialiser un dispositif médical implantable, d'obtenir le marquage CE, c'est-à-dire de satisfaire à quelques exigences (définies par une directive européenne de 1993), qui n'ont rien à voir avec ce que l'on demande pour l'AMM d'un médicament.
Ce rapport réalisé et cosigné par les Prs Conort et Pariente, présenté lors du congrès, devrait nourrir la réflexion des urologues et les inciter à engager la discussion avec les fabricants. De sorte que, petit à petit, l'obscurité qui règne en matière de dispositifs médicaux fasse progressivement place à la transparence, sans nuire à l'innovation.
Sous le signe de la solidarité.
Par ailleurs, le président de ce 99e Congrès d'urologie, le Pr Dubernard, a souhaité qu'il soit placé, cette année, sous le signe de la solidarité. La séance plénière du 18 novembre sera consacrée aux questions humanitaires, et Bernard Kouchner sera l'invité du président ; il s'exprimera sur les enjeux de l'action humanitaire. Consacrée à « l'urologie d'ailleurs », cette séance permettra aux urologues de croiser points de vue techniques et humains sur des pathologies dont la persistance, méconnue bien souvent, indigne et révolte. Projet ambitieux de solidarité à l'égard des femmes africaines atteintes de fistules, le projet Afrique de l'Ouest sera présenté lors de cette séance (voir encadré).
Conférence de presse organisée par l'AFU, à laquelle participaient les Prs J.-M. Dubernard (président du 99e Congrès de l'AFU), C. Coulange (président de l'AFU), E. Chartrier-Kastler (secrétaire général du congrès), P. Conort et J.-L. Pariente (rapporteurs du projet sur les biomatériaux).
Projet Afrique de l'Ouest
Afin d'aider les femmes africaines, dont un grand nombre souffrent de fistule vésico-génitale, de fistule recto-vaginale (4 à 7 % d'entre elles) ou de la combinaison des deux lésions (6 à 24 %, selon les pays et les études), le Pr Dubernard souhaite motiver l'engagement des urologues, face à une situation dramatique. En effet, ces très jeunes femmes (certaines ne sont que des adolescentes), après des accouchements difficiles, sont victimes de fuites permanentes et malodorantes d'urines et de matières fécales. Souvent répudiées et rejetées, elles ne savent pas que des traitements existent. Pourtant, la chirurgie donne 90 % de bons résultats, ce qui rend leur condition encore plus injuste et révoltante.
Dans un questionnaire remis au cours du congrès, chaque urologue dira s'il est sensible à cette cause, s'il est prêt à s'engager bénévolement et à partir un mois par an pendant trois ans pour se former avec les équipes locales, puis pour opérer. Grâce à ce renfort humain, un travail pour aider ces femmes pourrait être organisé en synergie avec les structures africaines.
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