L' EQUIPE de Mariam Molokhia est partie d'un constat épidémiologique : la prévalence du lupus érythémateux systémique est de 6 à 8 fois plus élevée au sein des populations afro-américaines ou originaires d'Afrique de l'Ouest et ayant migré aux Caraïbes, que parmi les populations européennes. Le lupus est réputé rare chez les Africains de l'Ouest, en raison, pense-t-on, d'un effet protecteur du paludisme et d'autres infections dans les premières années de la vie.
Des questionnaires ont été adressés à tous les sujets de trois banlieues du sud londonien, chez qui l'affection avait été suspectée. Deux cent cinq patients ont été ainsi enrôlés, dont 91 % de femmes (187). Une subdivision selon les origines a été établie. Elle montre que, parmi ces femmes, 20 sont des Noires africaines, 72 des Noires caraïbiennes ou d'autre origine, 66 des Blanches et 29 d'autres ethnies.
La prévalence du lupus chez ces femmes, âgées de 15 à 64 ans, était trois fois plus élevée chez les Noires africaines que chez les Blanches (110 pour 100 000, contre 35), mais bien plus basse que parmi les Noires caraïbiennes ou d'autre origine, chez qui le taux atteint 177.
L'effet « migrants sains »
« Une explication possible à cette prévalence plus basse chez les Africaines de l'Ouest que chez les Afro-Caraïbiens pourrait être que la majorité des Africains de l'ouest du Royaume-Uni y ont récemment migré à l'âge adulte et que les individus malades étaient moins susceptibles de migrer », relèvent les auteurs. Cet effet « migrants sains » aurait moins d'importance chez les Afro-Caraïbiens, dont la majorité est née au Royaume-Uni, où y est arrivée dans l'enfance.
Pas de protection par le paludisme
L'incidence des affections au sein d'une population de migrants récents est généralement la même que dans leur pays d'origine. La prévalence élevée de lupus chez des immigrants récents d'Afrique de l'Ouest suggère que le lupus n'y est pas rare et que, contrairement à l'idée répandue, l'exposition au paludisme ou à d'autres infections parasitaires ne confère pas une protection durable contre le lupus.
Les Afro-Caraïbiens et les Africains de l'Ouest n'ont plus partagé le même environnement depuis plus de deux cents ans. Ils ont en commun la prévalence élevée du lupus par rapport aux Européens, ce qui est compatible avec une origine génétique aux différences ethniques du risque de lupus. L'identification des gènes serait possible par une étude des populations métissées.
« Lancet », vol. 357, 5 mai 2001, pp. 1 414-1 415.
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