IL FAUDRA ATTENDRE un peu avant qu'émerge l'Union nationale des professions de santé (Unps), le troisième pilier de la nouvelle gouvernance du système de santé, avec l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (Uncam) et l'Union nationale des organismes complémentaires (Unoc). La composition par profession de l'Unps a certes été déjà fixée par décret fin décembre (« le Quotidien » du 6 janvier), mais le décret de nomination des membres de cette instance est suspendu aux résultats d'enquêtes de représentativité en cours (chez les podologues et les pharmaciens d'officine). Selon le Dr Dinorino Cabrera, président de l'actuel Centre national des professions de santé (Cnps, regroupant 25 syndicats), le décret de nomination devrait quand même être « publié au premier semestre », peut-être en « mars ou avril ». Mais le Dr Cabrera « craint qu'il faille à l'Unps au moins trois ou quatre mois pour prendre ses marques ».
Amorce de débat.
En attendant, plusieurs membres du bureau du Cnps ont rencontré le directeur général de l'Uncam le 28 janvier afin d' « amorcer la réflexion » sur les futures missions de l'Unps et de « lui éviter de partir de zéro », précise le leader du Syndicat des médecins libéraux (SML). Frédéric van Roekeghem et la délégation du Cnps sont ainsi convenus que le Cnps, seule instance nationale des professions de santé libérales à ce jour, allait s'atteler à « un projet de contenu de l'accord-cadre interprofessionnel et des autres accords interprofessionnels prévus par la loi ».
La loi réformant l'assurance-maladie fait de l'Unps la seule institution habilitée à engager par contrat les professions de santé libérales (avec l'assurance-maladie et/ou les complémentaires santé). A défaut de pouvoir signer quoi que ce soit, le Cnps « peut préparer le terrain », souligne son président.
Auparavant, c'est d'ailleurs le Cnps qui avait négocié avec l'assurance-maladie, fin 2002, un accord-cadre interprofessionnel (Acip), finalement jamais validé par son conseil d'administration (CA).
Et après, quid du Cnps une fois l'Unps installé ? « Le Cnps restera, si ses membres le souhaitent, un lieu d'échanges, de débat et de réflexion », déclare son président. Celui-ci a été élu en novembre dernier dans un contexte houleux puisqu'une partie du CA du Cnps, mis en minorité, avait boycotté cette élection. Depuis, onze leaders syndicaux du Cnps, dont le Dr Pierre Costes de MG-France, ont créé une structure informelle baptisée « Interpro Santé », et délaissent le Cnps qu'ils jugent maintenant « aux mains des médecins » (« le Quotidien » du 27 janvier). C'est pourquoi le Dr Cabrera vient d'envoyer un courrier à l'ensemble des présidents des syndicats membres du Cnps leur demandant instamment si leur organisation « se considère toujours membre ou non » de cette instance. En fonction de leurs réponses, le CA du Cnps procédera à « de nouvelles nominations dans diverses structures » où le Centre national des professions de santé est représenté.
Le Dr Cabrera sera-t-il candidat à la présidence de l'Unps ? « Au départ, je l'étais », répond le président du SML, qui ajoute aussitôt : « Maintenant, j'attends de voir car j'ai été un peu surpris par les remous » (suscités par son élection à la présidence du Cnps). Pour Dinorino Cabrera, « la guerre médico-médicale » dénoncée par le groupe de l'Interpro santé a pu être « une évidence » dans le passé « mais on aurait pu l'effacer ». A ceux qui s'inquiètent, à l'instar de Daniel Lenoir, nouveau directeur général de la Mutualité française, au sujet d'une éventuelle domination médicale au sein de la future Unps (« le Quotidien » d'hier), le président du Cnps rétorque que « les médecins, c'est certain, ne vont pas y défendre seulement leurs propres intérêts ». « Dans les décisions à prendre à l'Unps, conclut le Dr Cabrera, il faudra transcender l'appartenance de ses origines même si on ne l'oublie jamais ».
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