Le mouvement de grève des gardes de nuit et de week-end des médecins généralistes, entamé depuis le 15 novembre dernier, peut-il se poursuivre sans s'essouffler ?
Après l'accord intervenu jeudi dernier entre les caisses nationales d'assurance-maladie et MG-France, soutenu par le gouvernement, nombreux sont ceux qui parient désormais sur un effritement de la mobilisation. D'autant que les revalorisations prévues dans cet accord doivent entrer en vigueur à partir du 1er février et pourraient influer sur le comportement des médecins.
L'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF), majoritaire chez les généralistes, fait aujourd'hui le pari contraire. A l'origine du mot d'ordre de grève avec le Syndicat des médecins libéraux (SML), elle affirme que la base, y compris au sein de MG-France, est très hostile à cet accord qui reste éloigné de leur revendication de départ, à savoir la consultation à 20 euros et la visite à 30 euros. L'UNOF en veut pour preuve la multiplication des coordinations départementales qui n'hésitent plus à aller plus loin dans les mots d'ordre, comme celle d'Ile-de-France qui appelle à deux nouveaux jours de grève des soins les 8 et 9 février. Ces coordinations seraient par ailleurs de plus en plus nombreuses, comme en Haute-Normandie récemment, à appeler les médecins à fixer d'autorité le tarif de la consultation à 20 euros.
Fidèle à sa stratégie, payante jusqu'à présent, l'UNOF préfère continuer à procéder par étape dans la mobilisation ; elle prépare désormais la grande manifestation nationale du 10 mars à laquelle elle a appelé non seulement l'ensemble des professionnels de santé mais également la population. Et elle invite les médecins, d'ici là, à poursuivre, voire à durcir la grève des gardes. Un mot d'ordre qui, elle le sait, est bien perçu par le corps médical. « C'est une modalité non pénalisante pour le médecin, mais très perturbatrice pour les centres 15, gênante pour les patients et elle oblige les préfets à réquisitionner à tour de bras», explique-t-elle dans une circulaire interne.
Néanmoins, son président, le Dr Michel Chassang, n'exclut pas qu'un certain nombre d'actions ponctuelles soient décidées entretemps pour entretenir la mobilisation et la visibilité du mouvement jusqu'au 10 mars prochain.
«Un combat de longue haleine
Le risque est grand, en effet, que les longues vacances de février contribuent à désamorcer la mobilisation. L'UNOF ne se laisse pas impressionner par de tels arguments. « Nous garderons le cap. Nous savons où nous voulons aller et le mouvement se poursuivra tant que nous n'aurons pas obtenu ce que nous souhaitons. C'est un combat de longue haleine, mais ceux qui pensent que les médecins vont retrouver le chemin des gardes se mettent le doigt dans l'il. C'est nous qui avons lancé ce mouvement, pas MG-France, et il s'arrêtera quand nous le déciderons », affirme le président de l'UNOF.
Après la rupture du dialogue avec le gouvernement, l'UNOF et la CSMF, à laquelle elle est affiliée, attendent avec intérêt les conditions dans lesquelles l'accord intervenu la semaine dernière sera ratifié par les adhérents de MG-France. Les remous qui secouent actuellement ce syndicat jouent plutôt en leur faveur.
Pourtant, le gouvernement ne se départit pas de son calme. L'accord avec MG-France, les réunions de travail prévues d'ici à la fin du mois de mars sur la permanence des soins, les réseaux, les aides à l'installation et la mise en place dès le 4 mars par Bernard Kouchner de l'Observatoire national de la démographie médicale sont, selon lui, « des avancées importantes sur des revendications faites par ces mêmes syndicats ». Et le ministère de l'Emploi et de la Solidarité espère encore que les syndicats réfractaires à l'accord « se joindront à ce travail ».
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