DE MÉMOIRE DE SYNDICALISTE, rarement la médecine générale n’aura été autant à l’honneur... dans les discours officiels.
Promesse ministérielle du C = CS en 2007, annonce de la reconnaissance universitaire de la discipline, «priorité» conventionnelle donnée aux médecins généralistes : Michel Combier, président de l’Unof (Csmf), garde néanmoins la tête froide devant tant d’empressement et réclame des actes concrets immédiats plutôt que des engagements pour demain.
«La campagne électorale va brouiller les messages et le temps de la négociation (avec les caisses) sera très court, pronostique-t-il déjà. 2007 est une belle année avec l’accès de la médecine générale au rang de spécialité, mais j’espère que ce ne sera pas une médaille en chocolat pour les médecins!»
Si le généraliste toulousain défend l’acquis de la convention actuelle portée par la Csmf ( «On a fait notre métier, les médecins ont été augmentés de 3,9% en 2005»), il convient de transformer l’essai en allant plus loin. Et surtout plus vite. «Beaucoup de dossiers traînent, déplore le Dr Combier.
Notre crainte c’est qu’ils traînent encore plus après les élections, le calendrier qui arrive n’est pas favorable aux décisions et pourtant les médecins s’impatientent…»
Un appel à l’action qui vaut pour la création de la consultation bonifiée dans les zones déficitaires annoncée dans le plan Démographie du gouvernement ( «La caisse n’est pas du tout pressée, ça coûte cher...»), le lancement de la première étape de la réforme des consultations, le règlement de la permanence des soins le samedi après-midi ( «Comme soeur Anne, on ne voit rien venir») ou encore la simplification administrative promise par Xavier Bertrand.
La « nouvelle frontière » de la prévention.
Quant au C à 23 euros fin 2007 évoqué par le ministre (« le Quotidien » du 8 septembre), il est accueilli favorablement par l’Unof, mais avec vigilance. «Le ministre oublie la première étape à 22euros nécessaire en début d’année prochaine…», corrige Michel Combier. Ce qui exige, selon le responsable syndical, un Ondam « ville » 2007 «décent et même costaud».
La médecine générale reconnue comme une spécialité à part entière en 2007 ? «Certes, mais à condition que tous les généralistes aient une identité de droits et de rémunération quelle que soit leur formation initiale et leurs diplômes.»
L’Unof craint ici une différence de traitement entre les médecins généralistes qui seront titulaires du nouveau DES de médecine générale et les autres.
Le Dr Combier fixe une dernière priorité : donner du contenu médical au dispositif du médecin traitant avec le volet prévention et santé publique, «nouvelle frontière du médecin généraliste». Sur ce point «rien n’est résolu», notamment la question centrale du financement.
Blocages, atermoiements : le fil de la confiance entre les généralistes de la Csmf et les pouvoirs publics reste fragile. D’autant que, ironise le président de l’Unof, la Cnam est dirigée par «Harpagon, qui ne veut rien dépenser».
La Csmf, qui réunit son université d’été à Cannes à partir de vendredi prochain, aura l’occasion de préciser ses attentes pour la médecine générale. Des représentants de tous les grands partis politiques sont attendus. Un rendez-vous qui prendra un relief particulier à quelques mois des échéances de 2007.
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