Après la « Journée sans toubib », la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), sa branche généraliste (UNOF), et le Syndicat des médecins libéraux (SML) ont lancé un nouveau mot d'ordre pour durcir le mouvement : les « week-ends sans toubib ».
Ces organisations, qui rejettent en bloc l'accord « minoritaire » conclu entre MG-France et l'assurance-maladie, appellent les généralistes « à fermer leur cabinet chaque semaine de février du vendredi soir 20 h au lundi matin 8 h », c'est-à-dire toute la journée du samedi.
Gardes : douzième semaine de grève
Or, selon une étude de l'assurance-maladie publiée en juin 2001, près de 80 % des généralistes libéraux travaillent le samedi (surtout le matin), même si leur activité ne représente ce jour-là que 10 % du total de l'activité hebdomadaire. Selon la même étude, près de 30 % des généralistes travaillent aussi le dimanche.
Un tel mot d'ordre n'est donc pas anodin. « Cela change tout par rapport à la grève des gardes, explique le Dr Michel Chassang, président de l'UNOF. Maintenant, on demande aux médecins de partir en week-end, de travailler moins ». Les trois syndicats invitent également les médecins de famille à ne plus participer à un service de garde ; seuls les médecins réquisitionnés assureront les « urgences véritables à la demande des centres 15 ». Alors que commence aujourd'hui la douzième semaine de grève des gardes, fait historique dans un conflit de médecins installés, l'épreuve de force est donc engagée avec le gouvernement à moins de trois mois de l'élection présidentielle. « Non seulement le mouvement des généralistes ne faiblira pas mais il se renforcera et redoublera d'intensité », annoncent la CSMF, l'UNOF et le SML, qui exigent à nouveau des négociations « avec les syndicats majoritaires ».
La boîte à idées est ouverte pour maintenir la pression. Sur son site Internet, la CSMF propose aux médecins d'utiliser largement le dépassement exceptionnel d'honoraires (« DE »), d'organiser de nouvelles « Journées sans toubib » au niveau régional, de faire la grève des vacations hospitalières ou de distribuer des tracts. Le point d'orgue de cette guérilla sera la manifestation nationale du 10 mars dont le slogan, qui ratisse large, a été arrêté: « Sauvons notre système de santé ».
Les caisses écrivent aux généralistes
De leur côté, les caisses nationales d'assurance-maladie n'ont pas lésiné sur les moyens pour assurer le service après-vente de l'accord, signé avec MG-France, sur les honoraires, et qui vient d'être publié au « Journal officiel » sous la forme d'un avenant à la convention des généralistes.
Dans une plaquette bleutée de quatre pages envoyée aux 55 000 généralistes, Jean-Marie Spaeth, président de la CNAM (salariés du privé), Jeannette Gros, présidente de la MSA (agriculteurs) et Gérard Quevillon, président de la CANAM (indépendants) soulignent le bien-fondé, selon eux, de cet accord. Pas moins de dix chapitres exposent les objectifs du nouveau contrat, les mesures tarifaires immédiates, mais aussi les chantiers à venir tels que le régime fiscal des généralistes qui « mérite des aménagements » ou la refonte de la nomenclature des actes cliniques qui « débouchera sur la création de plusieurs niveaux d'actes honorés selon leur complexité ». Cerise sur le gâteau, la suppression des lettres clés flottantes pour les professionnels conventionnés, est rappelée au passage.
Climat tendu
Les responsables des caisses reconnaissent le « malaise profond » exprimé par les généralistes, ce qui « appelle des réponses à effet immédiat ». L'accord, poursuivent-ils, vise aussi à « dessiner les contours de la revalorisation d'un métier, celui du spécialiste de la médecine générale ».
Cet effort pédagogique n'est guère surprenant. Contesté au sein même de MG-France, qui a tenu son comité directeur pendant le week-end, l'accord a laissé de nombreux généralistes sur leur faim. Beaucoup d'entre eux sont déjà passés à la consultation à 20 euros,
beaucoup poursuivent la grève des gardes et de la télétransmission et se préparent à manifester le 10 mars.
Dans ce climat tendu, les explications de texte de l'assurance-maladie ne seront pas superflues.
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