En ces temps de revendications tous azimuts, les médecins généralistes se sentent particulièrement ignorés. Leur mouvement de grève des gardes de nuit engagé depuis le 15 novembre afin d'obtenir une revalorisation de leurs honoraires et étendu, depuis vendredi, aux week-ends, n'a pas soulevé pour le moment l'intérêt des pouvoirs publics. La ministre de l'Emploi et de la Solidarité se contente de les renvoyer sur la Caisse nationale d'assurance-maladie.
« En lieu et place de négocier, le gouvernement nous envoie les gendarmes pour nous réquisitionner », regrette le Dr Michel Chassang, président de l'Union nationale des omnipraticiens (UNOF), premier syndicat chez les médecins généralistes. Soixante départements seraient, selon lui, désormais concernés par ces réquisitions, ce qui prouve que le mouvement est loin de faiblir.
D'ailleurs, le Syndicat national de l'aide médicale urgente qui regroupe tous les SAMU se déclare « très inquiet de voir cette situation se pérenniser et s'aggraver » et a alerté le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, en l'exhortant à trouver « sans délai un terrain d'entente et à mettre fin à cette crise ». Les responsables de Centres 15 redoutent en effet qu'un afflux supplémentaire d'appels crée un encombrement des lignes « empêchant l'aboutissement des appels d'urgences y compris ceux qui comportent un risque vital ».
Grève totale de la télétransmission ?
La multiplication des réquisitions n'aurait d'ailleurs d'autre but que de « briser la grève », estime l'UNOF. Regrettant que le gouvernement « préfère utiliser la force plutôt que le dialogue », ce syndicat a donc décidé d'appeler les médecins à durcir leur mouvement.
D'abord en refusant toute réquisition qui ne serait pas faite dans les formes, c'est-à-dire nominative, pour un durée limitée n'excédant pas vingt-quatre heures et qui ne serait pas remise en mains propres. Ensuite, en intensifiant leur grève pendant la période des fêtes durant laquelle les médecins pourraient être en grève quatre jours consécutifs, à deux reprises, au moment des ponts du 24 et du 31 décembre. Enfin, en appelant les généralistes à « une grève générale et illimitée » de la télétransmission des feuilles de soins. « Nous nous sommes opposés à la télétransmission parce que nous considérions notamment que les conditions d'indemnisation n'étaient pas satisfaisantes. Le passage à l'euro nous donne raison. Le surcoût et les difficultés liés à l'adaptation des logiciels sont entièrement à la charge des médecins », explique le président de l'UNOF.
Et si tout cela ne devait pas suffire, l'UNOF aurait en réserve d'autres types d'action de protestation qu'elle dévoilera en janvier, en coordination avec d'autre organisations de médecins généralistes, notamment SOS-Médecins.
Dénoncer la convention
« A l'heure actuelle, le principal obstacle à nos revendications est la convention des généralistes à laquelle s'accroche un syndicat minoritaire », affirme le Dr Chassang, faisant allusion à MG-France, l'autre syndicat de médecins généralistes, qui plutôt que de recourir à la grève, a choisi de négocier avec la Caisse nationale d'assurance-maladie une revalorisation d'honoraires et un moratoire technique pour la télétransmission (« le Quotidien » du 11 décembre). L'UNOF suggère plutôt de « taper du poing sur la table » et de dénoncer la convention, seule façon selon elle « de créer un électrochoc susceptible de faire entendre la voix des généralistes ».
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