Pour l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF), qui regroupe les généralistes de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), les choses sont claires : c'est l'exercice libéral de la médecine qui est menacé par l'étatisation du système de soins.
Ainsi, explique le Dr Michel Combier, président de l'UNOF, la loi Bachelot «introduit une véritable nationalisation de la médecine libérale». Et de citer la mise en place d'une agence régionale de santé (ARS), qui va «régir un schéma d'organisation des soins ambulatoires et donc mettre fin à la liberté d'installation. Il n'y a que le syndicat MG-France pour approuver ces mesures». De même, l'ARS va avoir autorité sur l'organisation de la permanence des soins, poursuit l'UNOF, qui dénonce également le doublement de l'amende en cas de refus de déférer à une réquisition, «ce qui prépare le retour de la coercition. Mais sur ce dossier aussi MG-France trouve que tout va bien».
Pour le Dr Michel Combier, il est évident que «la création des ARS aboutit à la mise en place d'un préfet sanitaire qui contrôlera une armada de fonctionnaires d'État qui régiront toute la santé au niveau de la région. Le médecin généraliste ne sera plus qu'un agent d'État, qui devra travailler quand et où le lui demandera son patron».
Un avertissement.
Comment, s'exclame le Président de l'UNOF, ne pas y voir la signature d'une étatisation du système de santé. En matière de démographie médicale, Michel Combier se prononce «pour l'incitation: ça pourrait prendre la forme de contrats Santé-Solidarité, il faut savoir être inventif dans ce domaine».
L'UNOF s'interroge également sur l'introduction, pour certaines tâches, d'une rémunération forfaitaire (lire aussi page 3). Cela ne doit pas se faire au détriment du paiement à l'acte « qui est l'un des piliers de l'exercice libéral», insiste le Dr Combier, et qui permet à «notre système à la française de fonctionner avec une grande souplesse, qui n'existe nulle part ailleurs sans file d'attente pour les patients».
L'UNOF s'insurge aussi sur le retard de l'application du C à 23 euros. «Les médecins généralistes, aujourd'hui spécialistes, commente encore Michel Combier, vivent comme un affront le fait de voir repousser tous les six mois l'échéance duC à 23euros et de voir ajouter à chaque fois de nouvelles contraintes.»
Lorsqu'un accord est signé, conclut-il, «il faut le respecter ou avoir le courage de le dénoncer». Et le président de l'UNOF de lancer un avertissement : puisque la ministre de la Santé ne dénonce par cet accord, il faut qu'elle l'applique «faute de quoi les spécialistes libéraux en médecine générale en tireront toutes les conséquences», qu'ils feront supporter « aux responsables».
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