L'appel à la grève illimitée des gardes de nuit depuis jeudi soir devrait être très suivi, selon l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF-CSMF, premier syndicat de médecins généralistes), qui est à l'origine de ce mouvement auquel s'est rallié le Syndicat des médecins libéraux (SML). Parmi les régions « les plus mobilisées » : le Nord-Pas-de-Calais, l'Ile-de-France, l'Alsace, les Pays de la Loire, la région Rhône-Alpes et la Franche-Comté.
Le Dr Michel Chassang, président de l'UNOF, affirme même que la quasi-totalité des médecins de famille refuseront d'effectuer leurs gardes de 20 heures à 8 heures (et renverront donc les patients sur les centres 15) dans certains départements citadins et ruraux - Rhône, Loire, Mayenne, Eure-et-Loir, Cantal, Aveyron et Lozère. Enfin, les villes « les plus touchées », selon le Dr Chassang, seront Lyon, Bordeaux, Nantes, Lille, Metz, Strasbourg, Grenoble, Saint-Etienne et Besançon.
Compte tenu du préavis de grève déposé par son syndicat dès le 9 octobre, le président de l'UNOF s'étonne que le gouvernement n'ait engagé « aucun dialogue pendant quarante jours ».
« Le gouvernement a choisi que se déroule l'épreuve de force, il va l'avoir », prévient-il.
Pour le C à 20 euros
Les « deux demandes fondamentales » du mouvement de grève des gardes de nuit sont « la disparition de l'opposabilité de l'ONDAM (Objectif national des dépenses d'assurance-maladie, voté tous les ans par le Parlement) et des actes professionnels rémunérés à leur juste valeur », rappelle le Dr Claude Maffioli, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). En l'occurrence, l'UNOF, la CSMF et le Syndicat des médecins libéraux (SML) réclament la « revalorisation immédiate » du tarif du C à 20 euros (soit 131,19 F au lieu de 115 F) et du V à 30 euros (visite à 196,79 F au lieu de 135 F dans la plupart des villes). Le Dr Chassang évalue « entre 2,5 et 3 milliards de francs » le coût d'une hausse du C à 20 euros.
« C'est une méthode de gouvernement extraordinaire », constate le Dr Dinorino Cabrera, président du SML, puisque « le gouvernement ne discute que lorsqu'il y a un conflit majeur ». Le Dr Cabrera se dit lui-même « écuré d'en arriver là, mais, s'il le faut, on ira plus loin ».
Des réquisitions de médecins par les préfectures sont probables, mais elles posent un problème « sur le plan juridique et pratique », souligne le Dr Chassang, qui s'interroge : « Qui est réquisitionné ? Le médecin et son matériel ? La voiture sera-t-elle fournie par la préfecture ? Et qui paye ? La préfecture ou un autre organisme ? » Le Dr Maffioli précise en effet que les néphrologues réquisitionnés pendant la dernière « semaine morte » des professionnels de santé « n'ont toujours pas été payés par l'Etat ».
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