Rarement l'université d'été de la CSMF, qui se tient à partir d'aujourd'hui et jusqu'à dimanche à Ramatuelle (Var), aura été aussi attendue.
Vitrine (souvent) ensoleillée de la vie confédérale, week-end de prospective, rassemblement détendu mais sans langue de bois des responsables du mouvement et des personnalités qui comptent dans le monde la santé (députés, syndicats de salariés, experts, économistes et industriels sont attendus avec en point d'orgue le ministre de la santé), Ramatuelle, cette année, s'annonce bouillant. Ou glacial, selon certains. L'actualité laisse en tout cas supposer des échanges animés, comme en témoigne la vitalité du débat interne au sein de la Conf'. « 2002, c'était la standing ovation pour Mattei et Chassang dans la foulée du C à 20 euros, rappelle un cadre du mouvement, installé en province. Cette fois, c'est autre chose... »
Virage stratégique assumé
Autre chose ? Un euphémisme tant les cartes de la médecine libérale et du syndicalisme ont été battues et rebattues ces derniers mois, plongeant la profession dans la perplexité. Après l'échec piteux des négociations conventionnelles au printemps dernier, faute d'espace de liberté tarifaire, la CSMF célébrait « dans la désillusion » le premier anniversaire des revalorisations d'honoraires accordées aux généralistes. Le divorce était consommé. « De l'espoir au cauchemar », résumait le Dr Chassang, président de la Confédération . Jean-François Mattei ne semblait pas pressé de reprendre la main. Mais l'été 2003 a changé la donne avec la signature surprise d'un accord, imposé au plus haut niveau de l'Etat, entre la CSMF et les caisses. Inspirant directement le nouveau règlement conventionnel minimal (RCM), ce texte prévoit des revalorisations tarifaires limitées pour les seuls spécialistes cliniciens du secteur I. Un virage stratégique audacieux assumé, non sans courage, par le Dr Chassang. Le successeur de Claude Maffioli à la tête de la CSMF a su convaincre ses troupes de l'opportunité de sa décision même si plusieurs syndicats de spécialistes représentant notamment les chirurgiens, les anesthésistes ou les pédiatres ont grincé des dents. Le bateau de la CSMF a tangué mais le gros de l'orage semble passé : le comité directeur de l'UMESPE (la branche spécialiste de la CSMF) a pris acte de l'accord signé avec les caisses malgré « une enveloppe insuffisante » (160 millions d'euros) et « mal répartie ».
Devant des militants parfois inquiets, le Dr Chassang reviendra inévitablement sur cette signature et la nouvelle « proximité » avec le gouvernement (ou ressentie comme telle), un positionnement qui permet à la CSMF « de ne pas être marginalisée ».
Car l'essentiel, martèle le patron de la Conf', n'est pas dans ce protocole « minimaliste ». L'essentiel, c'est demain : la modernisation de l'assurance-maladie « avec les médecins plutôt que sans eux », les discussions avec les mutuelles, le contenu du panier de soins, la refonte de la nomenclature des actes techniques et cliniques et le chantier de la fiscalité. Autant de dossiers lourds auxquels la CSMF veut prendre « toute sa part ».
Et les généralistes?
Placée sous le signe du « temps de la réforme », cette neuvième université d'été doit donner le ton de la reconquête. Et fixer le cap pour 2004. C'est vrai pour les spécialistes mais aussi pour les généralistes, dont les attentes spécifiques ont été mises en sommeil ces derniers temps dans le tourbillon de la polémique sur leur rôle joué pendant la canicule. Le Dr Michel Combier, président de l'UNOF (branche généraliste de la CSMF) adopte un discours offensif : « Les généralistes veulent s'investir dans la réforme qui se prépare : la maîtrise médicalisée, la FMC et l'évaluation des pratiques, le maintien du paiement à l'acte mais aussi la lisibilité sur la hausse du C, qui passe par la refonte de la nomenclature et le panier de soins ». Et la convention généraliste, que le Syndicat des médecins libéraux (SML) a décidé de signer ? « Ça, jamais, tranche le Dr Combier. On ne va pas défendre une convention ficelée qui met en exergue le médecin référent et qui tue le spécialiste de proximité ; quant aux avancées, nous avons prouvé qu'on pouvait les obtenir de l'extérieur ! ».
La CSMF, qui a prouvé depuis 1995 qu'elle n'était jamais aussi puissante et efficace que dans l'opposition (au plan Juppé, aux plans Aubry et Guigou, aux reversements d'honoraires, aux lettres clés flottantes, aux comités médicaux régionaux, au médecin référent, au paiement à la capitation) amorce une étape décisive de son histoire. Pour le premier syndicat de médecins libéraux, il s'agit de s'impliquer activement dans un processus de modernisation considérable (Quelle régionalisation ? Quelle place pour les mutuelles ? Quel rôle pour les partenaires sociaux ? Quelle coordination généralistes-spécialistes ?) tout en sauvegardant les fondements de la médecine libérale française. La CSMF promet de relever le défi du partenariat.
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