ZENON
Pourquoi nous aimerons toujours les astronomes : nous ne serons jamais comme eux, ne partagerons jamais leurs éblouissements lorsqu'ils regardent l'univers à travers leurs instruments, et nous manquerons toujours cette part de poésie - rebaptisée « un rien loufoque » - qui fait le charme des Tournesol, maintenant qu'ils ont des outils comme Hubble pour viser les confins, ou qu'ils nous expliquent que le premier mètre du sous-sol de Mars est gorgé d'eau gelée.
C'est un poète pur, pas astronome pour un sou, qui voyait la terre bleue comme une orange, utilisant la classique correspondance des couleurs du spectre. Mais ce sont deux astronomes-poètes de l'Université John Hopkins, qui calculèrent, il y a peu, que la couleur moyenne de l'univers, tel que pourrait le contempler un lointain collègue depuis Ganymède ou d'une étoile au bord de l'implosion, que cette couleur, donc, est turquoise, tendance vert d'eau. Et un univers turquoise, c'est beau, ça incite davantage à travailler à le déchiffrer.
Sauf que... Il n'y a pas quinze jours, les deux astronomes responsables des calculs durent admettre qu'ils s'étaient trompés : un « bug » influença la discrimination de leur ordinateur, qui avait pourtant passé en revue quelque 200 000 galaxies, tamisant toutes ces données à travers un filtre à couleurs, qui donna le turquoise gagnant. Mais, lors d'une séance ultérieure à la Société astronomique américaine, avec les mêmes données, il apparut que les premières mesures faisaient - à tort - dériver le spectre de l'univers vers le turquoise.
La réalité est plus triste : l'univers est d'un grisâtre uniforme, que seuls nos poètes déçus perçoivent comme « beige ». Et le beige sollicité n'est pas loin du gris, cela ne parle pas aux foules avides d'explications scientifiques mêlées d'un peu de mystère.
En fait, durent même reconnaître les deux fautifs, « la couleur moyenne de l'univers est très proche du blanc ». Blanc cassé ou blanc sale, comme sur un vieil écran de télévision, ce n'est pas très exaltant. Et un blanc sale n'est jamais beige, tout comme le beige clair n'existe pas. Qu'on se le dise : nous vivons dans un univers qui a la couleur d'un tee-shirt sale, comme pollué par ces milliards d'années. Cela ne doit pas condamner la science exacte, tout de même ?...
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