Les attentats contre Charlie Hebdo et un magasin juif ont été traités par le gouvernement comme une occasion de refaire l’unité du pays. La spontanéité des manifestations contre la violence et le fanatisme, pour la liberté d’expression et le vivre ensemble l’a encouragé à positiver ce qui a été perçu comme un malheur suivi d’un deuil national. En réalité, les relations entre juifs et musulmans de France sont très tendues. La persistance des maux sociaux au lendemain du rassemblement populaire a plongé de nouveau les chômeurs et les précaires dans leurs soucis quotidiens. Le triomphe du Front national dans les sondages, notamment ceux qui portent sur les élections départementales du mois prochain, renvoie l’UMP et le PS à des préoccupations pour lesquelles ils n’ont pas de réponse : à droite comme à gauche, personne ne sait comment freiner l’ascension du FN, personne, à ce jour, n’a trouvé le ou les moyens de changer le vote de l’électorat frontiste. Pour une raison simple : c’est le désarroi des Français, leur inquiétude, leur peur de l’avenir qui les poussent dans les bras de l’extrême droite, alors même que des démocrates commencent à voir dans Marine Le Pen des vertus qu’ils ne décelaient pas naguère.
Occupés par leurs déchirements internes, les partis hostiles au FN n’ont pas vraiment mis au point leur stratégie pour les rendez-vous électoraux. On a négligé le succès du FN aux élections européennes sous le prétexte qu’il s’agit d’une consultation à part. En attendant, il ne cesse de se renforcer et l’UMP et le PS se contentent aujourd’hui de constater que le FN arrivera en tête aux départementales, dépassant le PS de 10 points, et que Marine Le Pen passera sans le cap du premier tout à la présidentielle de 2017, avec, en outre, la possibilité, compte tenu du score élevé qu’elle pourrait obtenir, envoyer quelques dizaines de députés FN à l’Assemblée à la faveur des législatives qui suivront la présidentielle.
Erreurs de droite et de gauche.
Bien entendu, le moyen principal de contrer le phénomène, c’est la diminution du chômage et l’augmentation du pouvoir d’achat. Une telle perspective est exclue, même si la croissance revient l’année prochaine, car elle ne suffira pas à alléger le fardeau des ménages. Dans tous les secteurs, partis ou médias, on en est donc à compter les coups. Selon les sondages, c’est le PS qui arrive en troisième position, mais les perspectives de l’UMP ne s’amélioreront pas tant qu’elle ne se sera pas mise en ordre de bataille. On veut bien admettre qu’il lui faut du temps pour élaborer un programme, pour désigner son candidat, pour combattre un à un les choix désastreux adoptés par le Front. Néanmoins, plutôt que déposer une motion de censure contre le gouvernement au sujet d’une loi, la loi Macron, qu’elle aurait pu approuver, l’UMP ferait mieux de combattre Mme Le Pen, d’abord en faisant taire ceux de ses membres qui songent encore à s’allier avec elle et ensuite en expliquant, avec tout le didactisme requis, comment la xénophobie, la haine de l’Europe, la sortie de l’euro, la fascination exercée par la Russie néo-impériale sont des chemins qui conduiraient la France à sa perte.
À gauche, ça ne va pas mieux. Le président de la République et le Premier ministre sont certes infatigables et clairement plus autoritaires qu’il y a quelques mois. L’optimisme de François Hollande se nourrit de paramètres économiques qui ont changé et sont nettement plus favorables à la France : baisse du prix de l’énergie, baisse de l’euro, reprise des investissements, plan européen de croissance, liquidités massives mises au service des économies par la Banque centrale européenne. Mais l’exécutif français n’est pour rien dans ces bonnes nouvelles. Il n’a pas de vision pour l’avenir immédiat, cet avenir qui semble appartenir à Marine Le Pen plus qu’aux autres partis.
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