Chronique électorale
Le premier tour des législatives a rappelé que la majorité en France se situe à droite. Si le Front national et le MNR n'existaient pas et si leurs électeurs n'avaient d'autre choix que l'UMP ou l'UDF (ou même le MPF), la droite réunirait plus de 55 % des suffrages exprimés.
On note donc un décalage énorme entre l'influence de la gauche, qui pénètre profondément dans toutes les couches sociales, dans les médias et dans les milieux intellectuels, et son poids réel dans l'électorat. Non seulement elle donne au pays une orientation parfois irréversible dans les périodes où elle exerce le pouvoir, mais sa philosophie politique imprègne la mentalité nationale, même quand elle n'y est plus.
Un simple exemple : le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a commencé par entériner la semaine de 35 heures et a annoncé qu'il appliquerait les mesures sociales (et médico-sociales) adoptées par le gouvernement de Lionel Jospin et dont le financement n'était pas encore assuré. Réflexe électoral, certes, mais la droite, dont la gauche dit tant de mal, reprend souvent à son compte les idées, et même la façon de penser, des socialistes et consorts.
Il demeure que la droite est majoritaire en France et que seules ses divisions (ou ses erreurs, parfois impardonnables) permettent à la gauche d'arriver au pouvoir. L'alternance étant indispensable à la bonne santé de la démocratie, personne ne s'en plaindra, d'autant que la droite n'est exempte ni de scandales ni de fautes.
La résistance du PS
Le scrutin de dimanche dernier montre que, si l'UMP domine l'ensemble de la droite, le parti de gauche qui a le mieux résisté est le PS, puisqu'il recueille autant et même un peu plus de suffrages qu'en 1997. M. Jospin a formé, avec les communistes et les Verts, une coalition qui a gouverné pendant cinq ans. Mais sans la force d'appoint qu'ils représentent, il ne fait, au mieux, et avec le concours des radicaux de gauche, que 25 %. Dimanche, il n'a souffert, en fait, que de l'effondrement du PC, car les Verts ont très légèrement progressé par rapport à 1997. Alors qu'à elle seule, l'UMP totalisait 33 %, soit dix points de plus que le PS seul, sans le MRG. Un affaiblissement du FN n'est pas étranger au succès des chiraquiens.
Or on a souligné le retour de la bipolarisation et le fait que chacun des deux pôles se trouve sous la domination du PS et de l'UMP. Ce n'est pas tout à fait exact : le PS a plus besoin, pour exister et a fortiori pour gouverner, du soutien des Verts et des communistes que l'UMP n'a besoin d'une UDF, beaucoup plus faible aujourd'hui qu'il y a neuf ans : en 1993, les centristes ont envoyé 215 députés à l'Assemblée. François Bayrou ne peut pas rêver aujourd'hui d'en avoir autant, et son combat pour l'identité centriste n'aura produit, malgré son courage, que de maigres résultats, même si les membres de l'UDF élus sous l'étiquette de l'UMP décident de rejoindre leur groupe originel.
Combat désespéré
Frénétiquement, les socialistes tentent de mobiliser les abstentionnistes, dénoncent la concentration des pouvoirs dans les mains de la droite (ce qui relève pourtant de la logique constitutionnelle : le parti dominant a tous les pouvoirs, mais il ne les a pas tout le temps et le tout-UMP succède au tout-PS) et, par la voix de leurs militants les plus importants et les moins soucieux de modération, comme Jack Lang, ils s'en prennent à la « collusion » entre la droite et le patronat et prédisent la « régression sociale ».
Combat désespéré car, de même qu'entre les deux tours de 1997, aucune projection en faveur de Jacques Chirac n'était soutenable, la dynamique acquise dimanche par l'UMP aura, nous semble-t-il, des effets inéluctables.
Que, lorsqu'elle aura gagné, la droite aura bien du mal à gérer un pays où le retour de la croissance prend du retard est une autre affaire. La gauche ne peut pas jurer qu'elle ferait mieux.
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