LES SPÉCIALISTES CLINICIENS seront-ils les dindons de la farce des négociations en cours ? «Oubliés» également du débat présidentiel ?
C’est ce que redoute l’Umespe (Csmf) à l’heure où la discussion tarifaire se focalise sur la revalorisation de la médecine générale (à travers la revendication unanime C = CS) et sur les disciplines chirurgicales (priorité affichée du futur secteur optionnel). «Depuis six mois, chaque fois que Frédéric Van Roekeghem (directeur de l’assurance-maladie) ou Xavier Bertrand s’expriment sur la médecine ambulatoire, leur message fait l’impasse sur 45000 spécialistes cliniciens...», déplore le président de l’Umespe Jean-François Rey.
Non seulement la caisse n’aurait toujours «rien proposé» pour les disciplines cliniques (la négociation conventionnelle reprend le 2 mars), mais Jean-François Rey n’a «rien lu» dans les programmes du PS et de l’UMP en faveur de la médecine spécialisée de proximité. «Sarkozy parle de la revalorisation légitime des médecins généralistes, de l’hôpital. Ségolène Royal insiste sur la santé publique, la prévention. Le seul qui semble s’intéresser à la médecine spécialisée libérale, c’est François Bayrou, peut être grâce à sonapproche régionale de la santé.»
Selon notre sondage Ifop sur le vote médical (« le Quotidien » du 8 février), le discours du candidat de l’UDF séduit près de 25 % des médecins libéraux, un score encore loin de celui de Nicolas Sarkozy (46 % des intentions de vote) mais devant celui de Ségolène Royal (18 %).
Amorcer la réforme des consultations.
Quoi qu’il en soit, l’Umespe réclame «avant les élections» un plan d’ «accompagnement et de rattrapage» tarifaire pour les spécialités cliniques de secteur I «en voie de paupérisation». Il passe par une série de mesures de nomenclature ciblées que le syndicat évalue «entre 50 et 80millions d’euros» en année pleine ; à titre de comparaison, un euro supplémentaire sur le C coûte 250 millions d’euros par an à la Sécu .
Le Dr Rey rappelle que le volume des CS a diminué de 4 % en 2006 en raison du passage par le médecin traitant. Une baisse d’activité plus marquée dans certaines disciplines (dermatologues, rééducateurs fonctionnels...) et qui, affirme le syndicat, n’a pas été compensée pas le recours au « C2 », la majoration des consultations coordonnées ou les mesures d’accompagnement déjà prévues pour certaines spécialités (pas toujours en application). Ce discours est contesté par la Cnam qui affirme que les «chocs (du parcours de soins) ont été amortis» et que le moindre recours des patients aux spécialités cliniques a eu un impact financier limité pour les médecins concernés.
Mais l’Umespe n’en démord pas : de nouvelles mesures spécifiques de nomenclature doivent intervenir «en amorce de la Ccam clinique». En clair,il faut ébaucher une première hiérarchie simple et pratique des consultations sans attendre le consensus sur la méthodologie de cette réforme en discussion depuis des mois. Une Ccam clinique a minima? «Les consultations n’ont ni le même contenu ni la même durée, explique le Dr Rey. Il faut valoriser l’activité d’expertise du spécialiste, le diagnostic clinique initial qui seul permet un choix pertinent des investigations complémentaires et des examens paracliniques.»
En pratique, l’Umespe propose d’identifier et de mieux valoriser dans chaque spécialité concernée une consultation «lourde» (comme il en existe déjà en endocrinologie par exemple), de synthèse (bilan) ou pour des patientscomplexes . L’Umespe a colligé à cet effet les doléances de chaque spécialité (consultation «primaire» en allergologie, première consultation du psychiatre, consultation pédiatrique en cas de polypathologies...). «Il faut reconnaître la plus-value du spécialiste clinicien, résume le patron des spécialistes confédérés. Mais je crains qu’une fois qu’on aura parlé du C, il ne reste plus d’argent.» Hier, le conseil de l’Uncam a réaffirmé que tout ne serait pas possible en 2007.
Interroger les députés.
Le Dr Rey souligne que, dans la comparaison des revenus des médecins libéraux, les spécialistes cliniciens qui s’en sortent le mieux sont ceux qui facturent également des actes techniques (cardiologues, gastro-entérologues, ORL). En revanche, «cinq ou six spécialités cliniques sont déjà en bas de l’échelle, proches ou devancées par les médecins généralistes» (endocrinologues, gynécologues médicaux, pédiatres, dermatologues, psychiatres, voire neurologues et rhumatologues).
Pour le Dr Rey, il est «indispensable» de résorber les «écarts de revenus qui vont du simple au triple» entre techniciens et cliniciens. Au-delà des honoraires, le syndicat plaide pour des mesures incitatives au regroupement des spécialistes afin que les médecins puissent partager l’outil de travail et les charges (accueil, secrétariat, locaux).
Si on ne fait rien, met en garde le président de l’Umespe, «on aura beaucoup de radiologues» mais des «pans» de la médecine spécialisée sont «condamnés à disparaître» faute d’attractivité . Un dossierque le syndicat a l’intention de rouvrir lors de campagne pour les élections législatives. «Aujourd’hui, on rencontre tout le monde, le PS, l’UMP, l’UDF. Demain, on interrogera chaque député sur l’avenir des spécialités cliniques car il s’agit d’une affaire de proximité.» A bon entendeur.
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