TROIS MOIS après avoir déposé un préavis de grève, l’Umespe, branche des médecins spécialistes de la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français), appelle l’ensemble des spécialistes libéraux à refuser les astreintes aux urgences. Le syndicat demande également à ses confrères de ne plus assurer les contraintes administratives transversales en ne participant plus aux réunions d’organisation du Comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin), du Comité de lutte contre la douleur (Clud) ou des commissions médicales d’établissement (CME). L’Umespe invite les praticiens à ne plus répondre aux convocations des ARH et à refuser de signer tout document administratif adressé aux tutelles (projet d’établissement, demandes diverses...) tant que celles-ci ne seront pas défrayées. «Nous devons mettre fin au bénévolat des médecins spécialistes alors que les mêmes fonctions sont rémunérées dans le secteur public, commente son président, le Dr Jean-François Rey. L’ensemble de ces missions prend plusieurs heures par semaine, au détriment du temps passé à soigner nos patients.» Le Dr Rey entend suivre l’exemple des médecins généralistes qui avaient obtenu, il y a cinq ans, en pleine campagne présidentielle, la reconnaissance de la permanence des soins «après six mois de lutte». «Il est totalement inadmissible que nous soyons les seuls Français pour lesquels on impose une mission de service public sans que celle-ci soit reconnue financièrement», estime le Dr Rey. Aujourd’hui, seules les astreintes de deux chirurgiens et d’un anesthésiste-réanimateur par établissement privé sont prises en charge au tarif de 150 euros dans le cadre de vacation de 20 heures à 8 heures du matin.
Effet boule de neige.
Le Dr Rey est conscient que le retrait des astreintes et des implications administratives va demander du temps. «C’est un mouvement qui va partir des départements et qui va durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois. C’est grâce à la mobilisation de tous les spécialistes libéraux et à la médiatisation de ce mécontentement que nous obtiendrons satisfaction.» L’Umespe entend rassembler toutes les verticalités et tous les présidents de CME pour créer un «effet boule de neige». Plusieurs spécialités se sont associées à cette initiative : les cardiologues, les radiologues, les ORL, les psychiatres et les gastro-entérologues. Selon Jean-François Rey, «déjà 20% des médecins spécialistes ont déjà adhéré au mouvement depuis le 1erjanvier, même si les retraits du tableau de garde varient d’une région à une autre». Par ailleurs, «une grande majorité des directeurs des établissements privés ont apporté leur soutien aux spécialistes libéraux». Le président de l’Umespe souhaite maintenant parvenir à ouvrir le dialogue avec la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (Dhos) pour trouver un terrain d’entente sur la rémunération des astreintes de tous les médecins spécialistes du privé, qui représenterait un budget de 40 millions d’euros selon l’Umespe, et simplifier les missions imposées aux médecins libéraux. L’Umespe tentera de porter la médecine libérale spécialisée au coeur de la campagne présidentielle. Le Dr Rey annonce qu’il ira «voir tous les candidats à l’élection présidentielle, sans exclusive pour leur demander une juste rémunération, égale entre le public et le privé».
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