PAS DE RÈGLES CLAIRES, pas d'argent, un pilotage inadapté... L'Union nationale des médecins spécialistes (Umespe) dresse un constat sans concession de l'évaluation des pratiques professionnelles (EPP). Devenue obligatoire depuis le 1er juillet 2005, l'EPP a été satisfaite par quelque 10 000 médecins, mais ses modalités, combinées à la formation médicale continue (FMC), restent floues. «Accréditation, certification, évaluation, les praticiens sont paumés et il serait temps que les responsables politiques redonnent une clarté sémantique à ces différentes appellations», attaque le Dr Jean-François Rey. Le président de l'Umespe estime que le moment est venu de remettre ce dossier sur la table. «Dans quelques semaines, nous devrons aborder ce sujet prioritaire avec la nouvelle équipe gouvernementale.» Selon le Dr Rey, l'absence chronique de financement illustre l'enlisement de l'EPP. Depuis le 1er janvier 2007, l'Organisme gestionnaire conventionnel (OGC) ne finance plus les actions d'évaluation mises en place en 2005 et 2006 par les organismes agréés. «Il s'agit d'une décision unilatérale de l'Uncam donnant un coup d'arrêt brutal aux travaux de terrain de nos organismes agréés, puisqu'aucun autre financement n'a été mis en place, affirme le Dr Jean-François Rey. On a interrompu dans son élan un système qui fonctionnait bien et cassé la dynamique.» Pour le président de l'OGC, Eric Haushalter, la décision a été prise par la commission paritaire – composée d'administrateurs de l'Uncam et de représentants des syndicats signataires de la convention – car «ce budget était réservé à titre conservatoire». «Une enveloppe conventionnelle était prévue pour le Fiqs (Fonds d'intervention pour la coordination et la qualité des soins)», ajoute-t-il. Cette nouvelle institution n'a pour l'instant pas vu le jour. «La disparition du financement de l'EPP par l'OGC est une grave erreur», reconnaît la Csmf dans le projet de contrat de bonnes pratiques conventionnelles qu'elle a récemment exposé.
« Vision technocratique ».
Le président de l'Umespe exprime ses doutes quant aux orientations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui est chargée de l'évaluation. Il redoute que l'organisation de l'EPP des spécialistes libéraux «se fasse sous l'hégémonie de sociétés savantes directement ou par l'intermédiaire de fédérations alibis». Ces orientations démontrent une «dérive technocratique de la HAS visant à marginaliser les praticiens de terrain des processus décisionnels», selon le Dr Rey. Le syndicat se dit «fermement opposé à une vision anglo-saxonne centralisée et étatisée de la profession qui ne correspond ni à notre culture médicale ni à l'organisation professionnelle française qui est du domaine des syndicats».
Enfin, l'Umespe déplore la guerre des chefs que se livrent l'Union nationale des médecins libéraux (Unml), instance créée par la FMF après les dernières élections professionnelles, et la Conférence nationale des présidents d'Urml, présidée par la Csmf. S'il manifeste sa préférence pour la CNP «qui a toute légitimité pour regrouper toutes les unions», le Dr Rey regrette «l'absence de pilotage clair qui bloque totalement le dispositif».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature