L'ART POUR TEMOIN
L'exhumation, à Lucca (Toscane), des restes de Luigi Boccherini a permis d'examiner son squelette et de voir si ses lésions ostéo-articulaires pouvaient être rattachées à son art, cela en regardant un violoncelliste actuel jouer l'un des adagios de Boccherini à l'aide d'un violoncelle baroque.
Le violoncelliste tire et pousse son archet sur les cordes de son instrument ; d'où des mouvements d'extension et de flexion du pouce. Soumis à ces mouvements répétés des millions de fois, Boccherini avait, au niveau du pouce droit, une rizarthrose.
La main gauche tient le manche du violoncelle et les doigts se déplacent sur les cordes ; l'épaule, le bras et le coude bougent constamment. Cela a provoqué, chez l'artiste italien, une épicondylite gauche.
Le violoncelle baroque est plus petit que le violoncelle normal et ne possède pas de pique destinée à le maintenir au sol. Le musicien doit tenir son instrument serré entre les genoux et les jambes. Ce qui a pu provoquer le varus des tibias de Boccherini.
Perte de la lordose cervicale et lombaire
La position assise, genoux et hanches à 90°, angle de 90° entre le tronc et les cuisses, provoque une perte de la lordose cervicale et lombaire. La position du corps sur l'instrument, penché au-dessus et à droite, conduit à une scoliose convexe à gauche, avec un maximum en D3-D4.
Boccherini n'était pas gaucher ; pourtant, son avant-bras gauche et son épaule gauche ont des zones d'insertions tendineuses plus grandes qu'à droite ; ce développement musculaire à gauche est attribuable à la conformation naturelle du violoncelle.
Si l'acquisition de la pique et l'augmentation de la taille du violoncelle ont réduit les possibilités de déformation des jambes et du rachis, les violoncellistes doivent toujours observer une position non naturelle.
Triomphe à Paris
Né à Lucca le 19 février 1743 d'un père bassiste professionnel, Luigi Boccherini fait sa carrière « dans le violoncelle », jouant et composant. Dopé par le succès d'un concert en Italie, il part avec son ami et violoniste Filippo Manfredi faire une tournée en France. Ils y rencontrent un succès inattendu, y compris à Paris en 1768. L'ambassadeur d'Espagne à Paris les invite à Madrid. L'accueil est nettement moins bon qu'en France. Heureusement, Boccherini trouve une consolation : l'empereur de Prusse l'engage, avec un salaire généreux, comme compositeur de musique de chambre. A la mort de son impérial bienfaiteur, quelques années plus tard, il retourne en Espagne. Longtemps, il vit à Madrid avec sa famille, dans l'ombre et le besoin. C'est alors que surgit Lucien Bonaparte, ambassadeur de la République française à Madrid, qui admire l'artiste et lui demande à son tour de composer de la musique de chambre. Il perd ses deux fils et meurt à Madrid le 28 mai 1805.
Si très peu des compositions de Boccherini - que le violoniste Giuseppe Puppo appelait « la femme de Haydn » - sont jouées de nos jours (à l'exception du fameux Menuet pour quintet à cordes en mi majeur, opus 11#5), il faut savoir qu'il a composé une centaine d'uvres pour quartet à cordes.
Sources : Rosalba Ciranni et Gino Fornaciari, université de Pise, « The Lancet », 21-28 décembre 2002, p. 2090.
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