Le bilan de l'activité hospitalière en Ile-de-France que vient, à l'occasion de son congrès annuel, de dresser l'UHRIF (Union des hôpitaux de région d'Ile-de-France) est rude : la pénurie en personnel paramédical s'aggrave (4 000 postes d'infirmier vacants aujourd'hui), les 305 postes médicaux créés pour compenser les effets de la RTT ne suffisent pas, la vétusté du parc hospitalier empire, les reports de charge s'accumulent (100 millions d'euros en 2002 pour les 37 plus gros hôpitaux franciliens). En bref, le déficit budgétaire atteint des sommets.
L'UHRIF y voit deux explications : le taux de reconduction budgétaire a été négatif pour la majorité des établissements franciliens en 2003. Et, surtout, la péréquation interrégionale des crédits s'est traduite depuis 1997 par une ponction globale de plus de 600 millions d'euros en l'Ile-de-France. Voilà pourquoi le président de l'UHRIF et député (PS) de l'Essonne, Yves Tavernier, a profité du Congrès pour demander « l'arrêt net et sincère de la politique de péréquation interrégionale ». Cette suppression serait « une erreur », estime au contraire Gérard Larcher, sénateur-maire (UMP) de Rambouillet et président de la Fédération hospitalière de France (FHF), pour qui « le problème réside dans l'élaboration de critères précis pour une péréquation responsable ».
Toujours sur le plan financier, le président de l'UHRIF met en garde contre « une application uniforme de la tarification à l'activité qui aurait des effets pervers en Ile-de-France ». Il demande également « un audit général des comptes des hôpitaux d'Ile-de-France, et un programme d'apurement progressif et contractuel des situations ».
L'ARH met fin aux illusions
La réponse du nouveau directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation d'Ile-de-France (ARHIF), Philippe Ritter, tombe sèchement : « Il me semble illusoire d'attendre des rebasages budgétaires massifs dans la conjoncture actuelle. »
Philippe Ritter poursuit : « Je constate que, à la différence du secteur privé et par comparaison avec les autres régions, la contrainte financière pesant sur la région Ile-de-France n'a pas suscité dans le secteur public des efforts suffisants de recomposition de l'offre et de productivité. » Organisation de l'offre de soins par bassin de vie, mutualisation des moyens, coopération entre établissements : voilà l'essentiel des recommandations que Philippe Ritter adresse aux hôpitaux franciliens pour redresser la barre.
Certes, admet Yves Tavernier, mais il y a un autre frein : « Les hôpitaux franciliens n'investissent plus. » La région capitale « doit bénéficier d'une utilisation forte des crédits du plan Hôpital 2007 », dit Gérard Larcher, président de la FHF. Message reçu par le directeur de l'ARHIF, qui a immédiatement prévenu que certaines demandes d'investissement ne pourront être satisfaites.
L'ARHIF a reçu 173 dossiers d'hôpitaux publics pour un montant de 2,1 milliards d'euros, et 190 dossiers de cliniques privées pour un montant de 800 millions d'euros. « Or la région Ile-de-France peut escompter une enveloppe de 1,33 milliard d'euros, AP-HP (Assistance publique-hôpitaux de Paris) comprise », rappelle Philippe Ritter. N'aboutiront que les opérations qui privilégient les orientations déjà citées : recomposition, complémentarité, mutualisation.
Ce discours va dans le sens de la directrice générale de l'AP-HP, Rose-Marie Van Lerberghe, qui s'est engagée à encourager les coopérations avec les établissements publics et privés hors AP-HP.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature