L'UFML a six mois, le Dr Marty veut secouer le monde médical

Publié le 27/04/2013
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Marty

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Branche politique des « médecins ne sont pas des pigeons », l'Union française pour une médecine libre (UFML) aura six mois d'existence le 30 avril prochain. Le président de l'association, le Dr Jérôme Marty, appelle à un grand rassemblement des professionnels pour « stopper la dérive mortifère du système médical français ».

LE QUOTIDIEN – L'Union française pour une médecine libre (UFML) est née fin octobre 2012 en pleine opposition à l'avenant 8. Où en est l'association six mois plus tard ?
Dr JÉRÔME MARTYOn est toujours sur une bonne dynamique même si les choses se sont un peu calmées depuis la signature de l'avenant 8. On enregistre 2 à 7 nouvelles adhésions par jour. Au total, nous sommes plusieurs milliers, mais je ne vous donnerai pas de chiffre précis. Ce serait nous positionner vis à vis des syndicats et nous ne souhaitons pas le faire à ce stade. Nous donnerons ce chiffre lors du premier anniversaire de l'UFML [octobre 2013, NDLR].

Les syndicats justement vous reprochent d'être davantage dans la protestation que dans l'action. Que leur répondez-vous ?
C'est difficile de ne pas être dans la protestation systématique quand on voit ce qui se passe actuellement pour la profession. On prend des coups de tous les côtés. Où sont les victoires dont nous parlent certains syndicats ? Prenez le cas du paiement à la performance. Les médecins viennent de toucher une prime de plusieurs milliers d'euros pour certains. Mais on sait où ce fonctionnement par indicateur risque de nous mener. Au final, la profession sera tellement encadrée que le médecin ne sera plus un acteur de soins mais un simple effecteur de soins. Quand vous lui enlevez sa pensée, ses responsabilités et que vous fléchez son parcours, vous allez vers une médecine qui n'est plus humaine, ni éthique.

Quel peut être le rôle de l'UFML dans le paysage syndical ?
Nous voulons faire évoluer le monde médical syndical. Mettre fin à l'atomisation des syndicats et appeler à un grand rassemblement. Soit nous y arrivons en leur faisant entendre raison. Soit nous entrerons en force en adhérant massivement aux organisations pour prendre le pouvoir. Le groupe SyndicAction, que nous soutenons, travaille sur cette éventualité. Ceci dit, je pense que les représentants syndicaux sont suffisamment intelligents pour s'apercevoir des risques qui menacent la profession. Il n'y a guère plus que la CSMF qui continue à défendre mordicus à la fois le contrat d'accès aux soins, le paiement à la performance, etc.

Quelle est votre action sur le terrain ?
Aujourd'hui, nous cherchons à sensibiliser les médecins. Nous avons commencé un tour de France des grandes villes : Nice, Aix-en-Provence, Strasbourg, Paris et bientôt Nantes, Bordeaux, Lyon… Nous renseignons les médecins sur les dangers du contrat d'accès aux soins, l'avenant 8, le pacte territoire-santé… Nous les alertons sur la menace de la forfaitisation, de l'ordonnance numérique qui annoncent des réseaux de soins où les médecins n'auront plus de liberté et seront de simples effecteurs. Nous leur expliquons aussi où va l'UFML, pourquoi nous demandons que les médecins français soient rémunérés dans la moyenne de l'Europe.

Comment envisagez-vous les prochains mois ?
On veut continuer à grandir, être un empêcheur de tourner en rond, donner un autre son de cloche sur les questions qui se posent aujourd'hui à la profession. La Sécu est malade, il faut agir. Cela passe par un grand rassemblement des professions médicales et paramédicales. Nous avons des choses communes à défendre. On travaille à la mise en place d'un grand mouvement pour le prochain PLFSS qui coïncidera avec l'anniversaire de la création de l'UFML. Tout le système va mal, il faut stopper cette dérive mortifère. Il est temps que les acteurs de soins se prennent en main.

> PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANE LONG

Source : lequotidiendumedecin.fr