L'UDF, qui vient de présenter une première synthèse de ses propositions sur la santé dans la perspective des élections de 2002, a tenu d'emblée à prévenir : son objectif est de ne faire « ni dans la démagogie ni dans la critique systématique du système actuel ».
Une allusion on ne peut plus directe à la campagne menée dans ce domaine en 1995 par Jacques Chirac qui, selon Hervé Morin, délégué général chargé du projet, a affirmé que « la croissance des dépenses n'est pas un problème pour ensuite cocufier les médecins ».
L'UDF tient donc, de ce point de vue, à se démarquer à la fois du RPR et des socialistes qui ont, toujours selon Hervé Morin, « déclaré que le plan Juppé était inacceptable et ensuite l'ont appliqué avec une volonté de fer et tous les débordements possibles ».
Les propositions de l'UDF, concoctées depuis bientôt trois ans par le secrétaire national chargé de la santé, Jean-Luc Préel, reposent donc sur « un nouveau contrat de confiance » avec les professionnels de santé. Pour ce faire, la régionalisation du système de santé doit se fonder sur trois principes : un vrai ministère autonome de la santé, un objectif de dépenses d'assurance-maladie fixé à un niveau réaliste et une régionalisation de sa gestion.
Contrairement au mouvement gaulliste, dont certains membres prônent désormais la mise en concurrence de la gestion de l'assurance-maladie, l'UDF y reste farouchement opposée. Même la délégation de gestion telle qu'elle a été proposée en son temps par AXA (1)ne trouve pas grâce à ses yeux car « elle ne conduirait, par définition, à aucune économie mais aboutirait à une sélection des professionnels certainement et sans doute des malades ».
Peu favorable également à une étatisation qui « ne peut qu'accroître l'irresponsabilité », l'UDF propose la troisième voie, celle de la régionalisation. Avec un exécutif représenté par une agence régionale de santé qui appliquerait la politique déterminée par les conférences régionales de santé dont les représentants seraient élus par collèges. Les observatoires régionaux de la santé et des observatoires de la démographie médicale permettraient à ces agences d'évaluer les besoins et de mettre en adéquation l'offre et la demande. Le transfert des compétences de l'Etat vers les régions se ferait progressivement en commençant par la prévention, la formation professionnelle et les investissements.
Au niveau national, l'UDF plaide par ailleurs pour un renforcement du rôle du Parlement avec un débat d'orientation annuel sur la santé et la possibilité d'une loi de financement de la Sécurité sociale rectificative en cours d'année. Enfin, l'UDF souhaite la création d'un INSEE-Santé pour faire toute la transparence sur les dépenses et la mise en place d'une maîtrise médicalisée des dépenses.
(1) AXA avait proposé, voici plusieurs années, que la Sécurité sociale lui confie, à titre expérimental, les cotisations des assurés sociaux d'un secteur géographique donné, la compagnie d'assurance se chargeant ensuite d'organiser et de prendre en charge les soins de cette population.
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