Luc Montagnier : « La France réagit après coup »

Publié le 04/02/2008

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LE Pr LUC MONTAGNIER, membre de l'Académie de médecine, est appelé à témoigner le jeudi 14 février. Il est chef du département de virologie à l'Institut Pasteur, quand son collègue le Pr Fernand Dray, lui demande, en 1980, par voie épistolaire, si le procédé de purification utilisé pour l'hormone de croissance inactive les virus. Dans sa réponse négative, également donnée par courrier, le chercheur « pense à mettre l'accent sur la MCJ », explique-t-il. Le principe de précaution, dont personne ne connaît l'usage, voit le jour. Le virologue recommande de ne pas prélever d'hypophyses sur le cadavre de personnes décédées de maladies neurologiques. Trois ans plus tard, il appelle la transfusion sanguine à tirer la même sonnette d'alarme pour le VIH. Là encore, sans être suivi dans les faits, comme le soulignera le procès du sang contaminé, où il témoignera.
A la question « D'autres affaires de santé publique risquent-elles d'occuper à l'avenir le devant de la scène judiciaire ? », le spécialiste répond avec assurance au « Quotidien » : « Cela peut toujours se reproduire. Je travaille sur des technologies susceptibles de détecter de nouveaux agents pathogènes en transfusion sanguine, mais les autorités à qui j'en ai fait part ont fait la sourde oreille », dit-il . D'autres propositions du chercheur, qui poursuit divers travaux en France et aux Etats-Unis, sont aussi restées lettre morte, « comme celle touchant à la maladie d'Alzheimer » (dépistage). « La France est toujours la dernière à se bouger, tant elle manifeste de volonté à ne pas gérer les problèmes jusqu'à ce qu'ils éclatent. Elle réagit après coup. »