CONGRES HEBDO
Depuis les années 1990, quatre nouveaux opioïdes ont été mis à la disposition des patients cancéreux : le fentanyl transdermique (Durogesic) en 1997, l'hydromophone à libération prolongée (Sophidone) en 1998, la morphine orale à libération immédiate en 1999 et, enfin, l'oxycodone à libération prolongée (Oxycontin) (AMM de juillet 2000, disponible depuis avril 2002).
Le chlorhydrate d'oxycodone est utilisé, seul ou en association au paracétamol ou à des AINS, depuis plusieurs années dans certains pays. En France, l'oxycodone n'était disponible que sous forme de suppositoires dosés à 20 mg (Eubine).
Une demi-vie d'élimination de 8 heures
Les comprimés d'Oxycontin à libération prolongée bénéficient d'une galénique particulière. Celle-ci permet, après absorption orale, une dissolution biphasique du principe actif : une première phase de dissolution rapide de la surface du comprimé, au cours de laquelle 38 % de la dose est absorbée (demi-vie d'absorption, 37 minutes) et une seconde phase plus lente par pénétration des enzymes digestives dans la matrice du comprimé (demi-vie d'absorption, 6 heures).
L'oxycodone subit une métabolisation par un effet de premier passage hépatique. La biodisponibilité d'Oxycontin LP est comprise entre 60 et 87 % et sa demi-vie d'élimination plasmatique est de 8 heures.
L'absorption, la concentration plasmatique maximale et la demi-vie de l'oxycodone ne sont pas modifiées par la prise d'un repas riche en lipides. En revanche, le délai d'obtention du pic plasmatique est, dans ce cas, sensiblement allongé. L'âge et le sexe n'ont pas d'influence sur les taux plasmatiques d'oxycodone chez les volontaires sains mais les concentrations d'oxymorphone, le dérivé actif de l'oxycodone, sont plus élevées chez l'homme que chez la femme après administration d'une dose unique, sans toutefois que les différences n'aient de réelles conséquences cliniques.
L'insuffisance rénale ralentit l'élimination de l'oxycodone et de ses métabolites et l'insuffisance hépato-cellulaire, modérée ou sévère, fait courir un risque d'accumulation d'oxycodone libre.
L'oxycodone est un analgésique morphinique fort, agoniste pur des récepteurs μ et k, classé par l'OMS parmi les analgésiques de palier III. L'oxycodone est efficace sur les douleurs par excès de nociception mais semble aussi avoir un effet, certes moins prononcé, sur les douleurs neuropathiques. D'après l'AMM, Oxycontin LP est indiqué dans le traitement des douleurs chroniques d'origine cancéreuse, intenses ou rebelles aux antalgiques de niveau plus faible, chez l'adulte (à partir de 18 ans).
Il existe une certaine variabilité individuelle
Il peut être utilisé pour mettre en route rapidement un traitement analgésique (une analgésie stable est obtenue en 24 à 48 heures) ou dans le cadre de la rotation des opioïdes. Dans cette circonstance, il est nécessaire de s'appuyer sur les tableaux d'équivalence. A titre d'exemple, le rapport d'équianalgésie lors du passage de la morphine orale à l'oxycodone orale est de 2/1 : 20 mg de morphine sont équivalents à 10 mg d'oxycodone. Avec ce rapport, il n'est pas nécessaire de réajuster les doses chez environ 70 % des patients. Il faut cependant tenir compte de l'existence d'une certaine variabilité individuelle qui peut faire varier le rapport entre la morphine et l'oxycodone orale de 1/1 à 2,3/1.
La posologie initiale d'oxycodone LP recommandée chez un patient n'ayant jamais reçu de morphinique est de 10 mg toutes les 12 heures, à heures fixes. Celle-ci pourra être augmentée de 25 à 50 % toutes les 24 à 48 heures en fonction de la réponse, du nombre d'interdoses et des effets indésirables. Comme pour la morphine, il n'existe pas de dose plafond et la bonne posologie est celle qui procure une analgésie satisfaisante avec le minimum d'effets secondaires. Dans le cadre de la rotation des opioïdes, la posologie d'Oxycontin est déterminée en fonction de la dose de morphinique à remplacer en tenant compte du rapport d'équianalgésie.
Pour le Dr George, l'arrivée d'un nouvel opioïde ne peut être que bénéfique et apporte un surcroît de souplesse dans le choix du traitement le mieux adapté à chaque patient.
D'après la communication du Dr B. George, unité d'évaluation et de traitement de la douleur, service d'anesthésie-réanimation chirurgicale, hôpital Saint-Louis, Paris.
Les effets indésirables de l'oxycodone
L'oxydone a les mêmes effets indésirables que les autres morphiniques mais, d'après les études qui lui ont été consacrées, il semble provoquer moins de troubles neuropsychiques, notamment de confusion et d'hallucinations et de réactions prurigineuses.
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