Né le 23 août 1754, Louis Auguste, le Dauphin, a 16 ans quand, le 14 mai 1770, sa future épouse, Marie-Antoinette, arrive en France arrive en France. Selon les chroniqueurs, elle est féminine et agréable à regarder. « Quand elle est debout ou assise, c'est la statue de la beauté, quand elle se meut, c'est la grâce en personne », écrira, cinq ans plus tard, Horace Walpole.
Louis XV ne s'y trompe pas. Lorsque Marie-Antoinette descend de son carrosse, elle a 14 ans. Le roi la relève en tremblant et l'embrasse. « Elle plaisait à Louis XV car elle avait de beaux seins », écrira Manceron. Le Dauphin, lui, n'ose même pas la regarder.
Le mariage a lieu deux jours après l'arrivée à Compiègne. Il est béni à Versailles le 16 mai.
Chacun s'attend à ce que le mariage soit consommé le soir même. Mais le Dauphin ne couche pas dans la lit de sa jeune épouse. « Rien », écrit-il dans son carnet intime.
Rien, il ne se passe rien. Marie-Antoinette ne devient pas grosse. On évoque tour à tour un « hymen rebelle », selon le Dr Laburthe-Tolra, un vaginisme, selon d'autres, ou encore un fibrome.
La prétendue intervention
Mais, depuis le début, la plupart des médecins et des historiens évoquent surtout la responsabilité de Louis-Auguste dans la stérilité du couple. On parle d'impuissance. On parle surtout de phimosis, au point que Cabanès affirme : « L'opération, dont la responsabilité entière aurait incombé à Lassone, eut bien lieu et réussit à merveille ». Faux : le compte-rendu opératoire n'existe pas, pas plus que le procès-verbal.
En 1964, le Dr Gagnières posait la question : « Louis XVI eut-il recours au bistouri ? ». Dans sa thèse de doctorat en médecine, le Dr Marc Lagrange répond : « Non. Notre hypothèse est une simple, longue mais réelle inappétence pour la "chose" chez Louis XVI, associé à une incompétence chez Marie-Antoinette ».
L'intervention de Joseph II
Inquiet de la stérilité du couple, des rumeurs qui circulent, le propre frère de Marie-Antoinette, l'Empereur Joseph II, décide, en 1777, de prendre les choses en main. Il vient à Versailles, voit tour à tour le roi et la reine, les questionne. Son diagnostic est rapide. Le 9 juin 1777, il écrit à son frère Léopold : « Voici le secret : dans son lit conjugal, Louis XVI a des érections bien conditionnées, il introduit le membre, reste là sans remuer deux minutes, se retire sans décharger, toujours bandant et souhaite le bonsoir. Cela ne se comprend pas car, avec cela, il a parfois des pollutions nocturnes, mais pas en place, ni en faisant cela que par devoir et qu'il n'y avait aucun goût. Ah ! si j'avais pu être présent, une fois, je l'aurais bien arrangé ; il faudrait le fouetter pour lui faire décharger le foutre comme les ânes. Ma sur avec cela a peu de tempérament et ils sont tous deux francs maladroits ensemble. »
Avant de partir de Versailles, Joseph leur prodigue à tous deux de bons conseils. Conseils qui, peu après, mettent un terme à sept ans de vains essais conjugaux. Le 29 juillet, Marie Antoinette écrit un « bulletin de victoire » : « Ma chère mère (...) je suis dans le bonheur le plus essentiel de ma vie. Il y a déjà plus de huit jours que mon mariage est parfaitement consommé : l'expérience a été réitérée et encore hier plus complètement que la première fois. Je ne crois pas être grosse encore, mais j'ai l'espérance de l'être d'un moment à l'autre ». Au printemps, Marie-Antoinette est enfin enceinte. L'accouchement a lieu le 20 décembre 1778.
Lire « Le Généraliste « du 21 novembre 1995.
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