ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
E N marge des appartements d'apparat que Louis XIV a conçus pour sa vie publique à Versailles, le château offrait aussi au souverain, devenu l'homme de l'intimité, des cabinets ouverts strictement aux visiteurs qu'il voulait honorer de sa confiance.
Peintures, dessins, objets divers, et ces gemmes, manifestation d'un savoir-faire artisanal unique. Ce sont des vases en pierre dure (agate, sardoine, jaspe, jade, lapis, améthyste et cristal de roche).
Si Louis XIV suit par ce goût pour les gemmes ses prédécesseurs sur le trône, Charles V, François Ier et Henri IV, il doit aussi la richesse de sa collection à l'achat, après sa mort, de celle qu'avait constituée Mazarin, comme lui épris de luxe et de raffinement et qui fut en large part son initiateur en ce domaine. Pris au jeu, Louis XIV, à son tour, procède à des achats grâce à un réseau de rabatteurs uvrant dans toute l'Europe et jusqu'au Proche-Orient. Louis XIV parfois achètera des uvres qui avaient appartenu à ses prédécesseurs, preuve, s'il en fallait, que ces objets étaient rares et que leur circulation restait contrôlable.
Au milieu du XVIIIe siècle, un inventaire fut établi qui relevait quatre cent dix-sept numéros pour les objets en pierre de couleur, et cinq cent trente-deux pour les cristaux de roche.
C'est dans cette vaste collection que Marie-Antoinette, à son tour, prisant fort cette expression du luxe, emprunte pour l'ornement de ses appartements de Versailles, des pièces que la Révolution à son tour rassemble pour les verser aux collections publiques du musée du Louvre, non sans en avoir préalablement utilisé une partie (200 pièces) pour honorer des créances d'Etat.
L'étendue de la collection permet de mieux comprendre le fonctionnement de cet art réservé à une petite poignée d'amateurs en mesure d'en financer la création. La monture, traitée indépendamment de la pierre qu'elle sertit, peut varier selon les époques. Il s'agit d'assemblages qui suivent les courants de la mode.
« Les gemmes de Louis XIV ». Musée du Louvre, hall Napoléon. Jusqu'au 23 juillet. Un catalogue édité par la RMN.
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