C’est une cause pour le moins surprenante d’obésité infantile que rapportent des médecins nord-coréens. Les enfants atteints d’otite séreuse chronique, en raison d’une altération du goût due à l’affection, augmentent leurs rations alimentaires, notamment sucrées et salées. Leur travail prospectif, non randomisé, mené chez 42 enfants leur permet ainsi de confirmer, plus que de découvrir, le rôle de cette forme d’otite dans la prise pondérale. Ils en fournissent une explication physiopathologique, impliquant une atteinte de la corde du tympan.
Il Ho Shin et coll. ont recruté 24 garçons et 18 fillettes, âgés de 3 à 7 ans. Tous, atteints d’une otite séreuse chronique, allaient subir la pose d’un drain transtympanique. Ces 42 enfants ont été comparés à autant de témoins. L’objectif était d’évaluer les seuils gustatifs soit par électrogustométrie, soit en faisant goûter des dilutions des quatre saveurs standards : sucré, salé, acide et amer.
Premier constat, l’indice de masse corporelle (IMC) est significativement plus élevé chez les enfants atteints d’otite que chez les témoins. En ce qui concerne l’électrogustométrie, elle a été réalisée en 4 secteurs de la langue (base, pointe, les deux côtés) avec des niveaux de stimulations progressifs. En pratique, il apparaît des différences selon les aires linguales testées. Le seuil de stimulation est beaucoup plus élevé chez les enfants atteints d’otite que chez les témoins.
Quant aux tests de saveurs, ils ont été réalisés sur la cavité buccale en totalité. De fait, les enfants testaient des liquides à diverses concentrations. Ici encore, quelques différences ont été relevées. La sensibilité aux liquides sucrés et salés est significativement abaissée chez les jeunes patients. Si un phénomène similaire est relevé pour les goûts acide et amer, la différence avec les témoins n’est pas significative.
Le corollaire de ces altérations gustatives est que les enfants porteurs d’une otite séreuse chronique doivent ingérer des aliments plus sucrés et plus salés pour parvenir à une sensation équivalente à celle des autres enfants. Ce besoin se traduit en une consommation plus importante de calories et de liquides favorisant la surcharge pondérale.
Comment l’otite séreuse dégrade-t-elle la gustation ? Par une inflammation d’une branche du nerf facial, la corde du tympan. Il faut se souvenir que ce rameau nerveux passe dans la cavité de l’oreille moyenne. Contrairement à d’autres branches du facial, il n’y est pas protégé par un environnement osseux. La corde du tympan se trouve donc directement au contact d’un milieu inflammatoire celui de l’otite séreuse.
« Arch Otolaryngol Head Neck Surg », vol. 137, n° 3, mars 2011, pp. 242-246.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature