« LE MESSAGE fort que je souhaite délivrer aux médecins généralistes est que l'ostéoporose ne concerne pas que les femmes, souligne d'emblée le Dr Véronique Rouillon, rhumatologue à l'hôpital de Gonesse. Une partie notable des fractures surviennent également chez l'homme . »« Il est vrai que l'homme est moins prédisposé que la femme à cette fragilité osseuse, précise la spécialiste. A cela, deux raisons : la période prépubertaire du garçon est de deux ans supérieure à celle de la fille, ce qui lui permet d'acquérir une masse osseuse plus importante ; et, lors du vieillissement, la perte osseuse est régulière, sans pic de déminéralisation, comme celui qui, chez la femme, est dû à la carence estrogénique à la ménopause. Mais l'allongement de la durée de vie masculine, et, donc, l'aggravation de cette perte osseuse, fait que la fréquence de ces fractures augmente. On admet que 20 à 25 % des fractures de l'extrémité supérieure du fémur surviennent chez l'homme, à partir de 70 ans. »
Dans 50 % des cas, il s'agit d'ostéoporoses secondaires, parmi lesquelles, une fois sur trois, on retrouve un hypogonadisme. Qu'il soit d'origine primitive, comme dans le syndrome de Klinefelter, ou, plus souvent, secondaire (hyperprolactinémie, hémochromatose, castration, séquelle d'orchite, etc.). Sa recherche doit être systématique, avec le dosage de la testostérone libre et de la LH. Les autres causes les plus fréquentes sont l'alcoolisme, l'hypercorticisme (dans le cadre d'un cushing ou d'une corticothérapie) et les maladies hépato-digestives.
Dépister les sujets à risque.
« Il importe de prévenir la survenue de fractures en dépistant ces facteurs de risque ostéoporotique ou les pathologies favorisantes », souligne Véronique Rouillon. La corticothérapie au long cours en est un, majeur, et la densité osseuse doit être évaluée en début de traitement. L'alcoolisme chronique prédispose à cette fragilité osseuse par le biais d'une dépression ostéoblastique directe qui s'ajoute à l'insuffisance hépatique, aux carences alimentaires, à l'insuffisance d'exercice et à l'hypogonadisme. Le tabagisme associé est un facteur aggravant. Outre l'insuffisance rénale chronique et l'immobilisation prolongée, les maladies digestives sont également en cause. Il s'agit de la malabsorption vitamino-calcique postgastrectomie, ainsi que toutes les maladies intestinales responsables de malabsorption, les hépatopathies chroniques et les entéro-colopathies inflammatoires qui sont fréquemment traitées par corticoïdes.
L'existence des facteurs de risque et des pathologies citées ci-dessus ou d'une fracture après traumatisme minime doit faire pratiquer une ostéodensitométrie, qui confirmera le diagnostic et permettra d'adapter un traitement. Les traitements antiostéoporotiques sont moins bien évalués que chez la femme. En pratique, outre le traitement étiologique de l'affection causale (par exemple, arrêt d'une intoxication éthylique ou opothérapie androgénique), une supplémentation vitamino-calcique est indiquée chez tous les hommes susceptibles d'être carencés, notamment le sujet âgé, pour éviter l'hyperparathyroïdie secondaire. Un traitement par bisphosphonates est indiqué en cas de fracture.
A lire : « l'Ostéoporose », de Pierre J. Meunier et coll., Masson, « Consulter Prescrire », 2002.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature