Quels sont les principaux chiffres de l’orthopédie*, ainsi que les enjeux sous-jacents. Selon Gérard Viens (Essec), « elle représente 7,1 % des séjours en hospitalisation complète, au niveau national. L’orthopédie est également une industrie mondiale qui pèsera 28 milliards d’euros en 2015 avec un marché national de un milliard d’euros pour le genou et la hanche. L’une des nouvelles donnes est l’entrée de la Chine sur ce marché où la 3D apparaît comme l’une des innovations phares ».
Faire profiter les patients de toutes les innovations
Comment optimiser la prise en charge du patient dans ce contexte ?
Selon Rachel Bocher, médecin, présidente de l’INPH** et adjointe au maire de Nantes, « le parcours de soins est très important dans ce domaine touché fortement par le vieillissement et l’apparition des jeunes vieux à soigner. Il doit être un parcours de vie et de santé ». Mais François Grimonprez, directeur de l’efficience de l’offre à l’agence régionale de santé (ARS) des Pays de Loire, reste très réservé sur ce concept de parcours de soins : « Je préfère parler d’épisodes et de parcours de vie, ce qui implique un changement de mode d’organisation tenant compte du contexte du patient. Côté innovation, nous devons être capables d’offrir à tous les patients des molécules et des dispositifs médicaux de plus en plus chers. »
Avec Léa Guivarch, directeur adjoint au CHU de Nantes, le débat a souligné, parmi les sujets abordés, « la montée en puissance du flux de patients issus des urgences, qui représente 50 % des entrées en chirurgie orthopédique au CHU de Nantes. Cela oblige de repenser l’organisation de la prise en charge de la chirurgie programmée. Le virage de l’ambulatoire est également au cœur des préoccupations de notre plate-forme ».
Si son intervention met en exergue la nécessité de coordonner le parcours de soins, celle d’Alexis Nogier, chirurgien orthopédiste (Institut Nollet), montre comment l’innovation technologique est en passe de changer les exigences des patients. Grâce à la chirurgie 3D de la hanche, les implants deviennent personnalisables. Et « de plus en plus de patients informés en demandent, malgré des coûts élevés et une réglementation restrictive : sa prise en charge est uniquement réservée à des patients ayant une malformation très sévère. Elle est illégale pour des personnes qui en font une demande particulière. » D’autre part, économiquement, le surcoût d’un implant sur mesure est de 1 500 euros en moyenne. Quant au surcoût chirurgical, il est de + 15 %. Quid du modèle économique ? « Ma C2 est à 46 euros, la CS à 83 euros, et la rémunération PTH à 500 euros, tarif de la Sécurité sociale », indique Alexis Ogier.
Chirurgie du genou en ambulatoire
On le voit, l’innovation interpelle sur la capacité à proposer à chacun un implant personnalisable dont la société ne pourrait supporter la charge actuellement.
Jean-Marie Philipeau, chirurgien orthopédiste (clinique Saint-Augustin de Nantes), a introduit une autre interrogation portant sur la prise en charge de la chirurgie du genou dans un contexte ambulatoire, « un changement soutenu par l’apport du travail des anesthésistes et des innovations dont ils bénéficient. Il faut beaucoup informer le patient. À ce propos, rien de tel que les Teachning Classes, sorte de staff réunissant les professionnels de santé et les patients qui subissent la même opération. Ils ont l’occasion de poser toutes les questions. »
Que deviennent les patients issus de l’ambulatoire ? Rentrent-ils chez eux ? Selon Philippe Denormandie, chirurgien orthopédiste, « il faut étudier le positionnement entre MCO SSR et Ehpad. Plus de 45 % viennent directement d’un MCO pour aller en Ehpad pour un séjour temporaire. C’est une tendance nationale. Une personne de 87 ans a besoin qu’on la remettre dans la vraie vie. Les résidences services ont 10 % des lits réservés à des patients issus du MCO ». Et de s’interroger : « Quid du SSR ? Survivra-t-il demain ? Aura-t-il un autre positionnement ? Il peut être dans la prévention des risques individuels ».
** Intersyndicat national des praticiens hospitaliers.
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