par le Pr Claude Argenson
Les dramatiques événements de Toulouse ont encore récemment mis en valeur le rôle prépondérant des orthopédistes-traumatologues dans le traitement des blessés des membres et du tronc arrivant en grand nombre lors de catastrophes accidentelles ou autres. En dehors des lésions vitales hémorragiques ou cardio-respiratoires, ils sont seuls en effet à pouvoir évaluer le degré d'évolutivité des lésons ostéo-articulaires ou leurs conséquences vasculaires ou neurologiques éventuelles, bases de la hiérarchisation des programmes opératoires en fonction des disponibilités humaines et techniques. Ces mêmes spécialistes, grâce à une action commune et concertée entre privés et publics, tous solidaires devant la détresse des blessés, ont même pu assurer dans les meilleurs délais une qualité technique de soins identique à celle des jours « normaux » ; certes, cela n'a été possible que par un dévouement exemplaire et un recul des possibilités physiques de chacun.
Emergence des urgentistes
La désaffection générale pour les carrières chirurgicales, dominées par la notion de responsabilité, en opposition avec l'accroissement progressif des traumatismes - où les accidents de travail concurrencent en nombre ceux de la route -, a déjà crée un déséquilibre dans la réception des urgences et les délais de prise en charge des patients ; pour remédier à cette pénurie se développe une catégorie de praticiens médico-chirurgicaux : les urgentistes. Loin de s'opposer à ces praticiens très motivés par leur activité, mais de formation chirurgicale réduite, la Société d'orthopédie devra de plus en plus s'impliquer dans leur formation en insistant spécialement sur la partie « reconnaissance et diagnostique » des lésions, par exemple les plus difficiles comme les luxations postérieures de l'épaule, les fractures cervicales du col du fémur ou les entorses graves du rachis cervical, pratiquement impossibles à reconnaître dans la majorité des cas sur le premier cliché radiologique d'urgence.
Collaboration avec les orthopédistes-traumatologues
Une bonne répartition des gestes à effectuer sous-entend une confiance et un échange d'informations permanents entre l'urgentiste et l'orthopédiste-
traumatologue.
La deuxième activité de l'orthopédiste-traumatologue, binôme indispensable dans la formation et la connaissance théorique, est représentée par le traitement des lésions chroniques, dégénératives, infectieuses ou tumorales. Ici encore, la reconnaissance de notre qualification doit rester le meilleur gage de compétence dans les relations patients, médecins praticiens ou chirurgiens. Le rôle fondamental de notre société est de donner à ceux qui se destinent à notre spécialité la meilleure formation théorique et pratique, actuellement dispensée par le collège des orthopédistes. Mais cette formation ne pourra être poursuivie ou même améliorée, que si est mis en place aux quatre coins de l'Hexagone un nombre suffisant de services formateurs, publics ou privés en fonction des disponibilités locales, dotés de personnel médical, (anesthésistes en particulier), et infirmiers dont le recrutement s'avère de plus en plus difficile. Ces mesures permettront d'offrir des soins de qualité à tous ceux qui se présentent dans les services, quelle que soit leur origine sociale. Enfin, à côté du traitement des lésions, la reconnaissance des dysfonctionnements de la merveilleuse chaîne ostéo-articulaire et de son moteur musculo-ligamentaire, menée conjointement avec nos partenaires de l'appareil locomoteur, rhumatologues et médecins physiques, devrait permettre d'éviter des évolutions anatomiques graves aux conséquences fonctionnelles sévères, responsables de dépenses importantes pour la santé publique. N'oublions pas, en effet, que la meilleure prévention des séquelles motrices ou psychologiques n'est autre que la restauration d'une fonction normale.
Le congrès, lieu de rencontre incontournable pour tous les acteurs de la famille orthopédique, a voulu faire une part égale aux rappels ou aux mises au point de sujets classiques, tels que fractures de rachis cervical, infections des prothèses de hanche, raideurs du genou, mais a voulu aussi se projeter dans l'avenir en faisant le point sur les prothèses de disques lombaires et la neuronavigation, dont l'avenir est peut-être parallèle à celui de la vidéochirurgie ; puisse chacun y trouver une réponse à ses interrogations, non seulement à l'intérieur des salles de conférences mais aussi dans les couloirs où les échanges directs ou amicaux sont de règle.
* Président de la SOFCOT 2000/2001
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