Antiquités
C'est une gageure, par les temps qui courent, de choisir l'Orient comme thème de manifestation. Dieu - et Allah - merci, l'Orient des antiquaires et des collectionneurs n'est pas celui des burkas et des tchadors, mais celui des parfums et des tapis et les routes qu'ils suivent ne sont pas celles de la guerre sainte, mais celles de la soie et des navires de la Compagnie des Indes et des échanges pacifiques entre les civilisations.
Il ne s'agit d'ailleurs pas d'Orient, mais d'orientalisme, c'est-à-dire de l'adoption et de l'adaptation par l'Occident de certains aspects de l'esthétique orientale, d[212]un attrait irrésistible pour une autre manière d[212]être. Comment peut-on être Persan, Turc ou Chinois ? Ce goût de l'exotisme remonte aux réceptions, par Louis XIV, des ambassades turque et siamoise, s'accentue au XVIIIe avec les nombreux échanges commerciaux, se démocratise au XIXe, et s'élargit aux pays du Maghreb, avec les empires coloniaux. C'est ce siècle dernier (ou avant-dernier) qui est le mieux représenté chez les antiquaires et brocanteurs de cette Bastille d'automne. Sous la forme de danseuses du ventre, charmeuses de serpents et autres fantasias de bronze ou de régule qui ornaient les salons de nos grands parents. Le XIXe est aussi celui des peintres voyageurs. Dans la foulée de Delacroix, Fromentin, Majorelle..., des artistes moins connus comme Hourtal, Ortega, Alphonse Rey, sont accessibles entre 3 000 et 10 000 F (457/1524 euros) la toile.
On trouvera aussi à la Bastille des meubles syriens ajourés et incrustés de nacre, des plateaux et bassins de cuivre repoussé, des lampes de verre et des narghilés. Et beaucoup de bijoux, persans, turcs, égyptiens, marocains..., faits d'or, d'argent ou de tombaq (métal doré), rehaussés de corail, lapis, ambre, turquoises. Leur caractère voyant et volumineux n'est plus un handicap, qu'il s'agisse de colliers à pampilles, de grosses boucles d'oreilles ou de bracelets de chevilles, dont les prix oscillent entre 500 et 8/10000F (1 220/1 525 euros) selon leur préciosité.
Les gadgets hérités de l'Expo coloniale, qu'il s'agisse d'encriers, de coupe papiers, de brûle-parfums, de céramiques à décor africano-orientaliste, leur ancienneté confère à ces objets de bazar une respectabilité qui explique des prix souvent supérieurs à 1 000 F.
Il est un autre aspect de l'exotisme qui ne saute pas aux yeux, mais aux oreilles : la musique. On trouvera pour quelques dizaines de francs des partitions aux titres suggestifs : « Sous les minarets », « Nuits d'Orient », « Charmeuse de serpents » ou cet énigmatique « fox-trot » oriental, paroles et musique de Charlys, qui associe, en 1902, la tradition exotique et la modernité.
Antiquité brocante, place de la Bastille. Du jeudi 8 au dimanche 18 novembre, Entrée : 40 F (6,10 euros).
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