« LA PRATIQUE de l’anesthésie pédiatrique est organisée aujourd’hui autour de trois niveaux qui ont été définis dans des recommandations pour le schéma régional d’organisation des soins (SROS) en octobre 2004 par la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS) qui est aujourd’hui la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) », explique le Pr Claude Ecoffey, chef du pôle anesthésie-réanimation du CHU de Rennes et vice-président de la Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR). « Les recommandations concernant ces trois niveaux de soins ont été mises en place de manière progressive. D’une région à l’autre, cela s’est fait plus ou moins rapidement. Mais aujourd’hui, c’est fonctionne plutôt bien sur l’ensemble du territoire », poursuit le Pr Ecoffey, en précisant que ces directives ont été appuyées par des recommandations professionnelles diffusées par la SFAR, l’Association des anesthésistes-réanimateurs pédiatres d’expression francophone (ADARPEF) et le Collège français des anesthésistes-réanimateurs.
Trois niveaux.
Au premier niveau, on trouve les centres de référence qui se trouvent dans les CHU. « Ces centres font bien sûr de la chirurgie pédiatrique classique mais ont aussi vocation à réaliser des interventions plus lourdes, par exemple des tumeurs complexes, des transplantations ou de la chirurgie délicate du rachis. Dans ces centres, il y a des unités de réanimation pédiatrique », précise le Pr Ecoffey.
Le deuxième regroupe les centres spécialisés, des établissements publics ou privés qui disposent d’un service de chirurgie pédiatrique. « Il peut y avoir dans ces centres des unités de réanimation néonatale mais il n’y pas de réanimation pédiatrique pour les enfants plus âgés », indique le Pr Ecoffey.
Enfin, le troisième niveau concerne les centres de proximité, c’est-à-dire les établissements qui n’ont pas de service de chirurgie pédiatrique mais qui peuvent quand même réaliser un certain nombre d’actes relativement simples de manière programmée ou en urgence.
« Dans les établissements des deux premiers niveaux, les anesthésistes-réanimateurs peuvent endormir des enfants quel que soit leur âge et quelle que soit leur pathologie tandis que dans les établissements de proximité, il est préconisé de ne pas endormir d’enfants de moins de 1 an pour des raisons de sécurité, explique le Pr Ecoffey. En effet, différentes enquêtes sur la mortalité et la morbidité de l’anesthésie du petit enfant ont montré qu’il existait un risque plus élevé de complications respiratoires ou d’arrêt cardiaque dans cette tranche d’âge. C’est la raison pour laquelle il est recommandé de pratiquer cette activité dans des centres où exercent des anesthésistes-réanimateurs habitués à l’anesthésie du petit enfant ».
Ces centres de proximité se doivent d’appliquer un certain nombre de recommandations. « La première est de disposer de lits d’hospitalisation ou d’une unité dédiée aux enfants. Pour les enfants opérés en ambulatoire, cela ne pose pas de problème. Mais quand on garde l’enfant en hospitalisation le soir, il est indispensable de disposer d’une unité où il sera regroupé avec d’autres enfants. Il n’est pas envisageable qu’il soit placé dans une unité avec des patients adultes », souligne le Pr Ecoffey, en insistant sur la nécessité pour ces centres de proximité de disposer de personnel infirmier formé à la pédiatrie. « Au début des années 2000, en effet, des études ont montré qu’il pouvait se produire des accidents postopératoires liés à des erreurs d’administration de médicaments ou de perfusion avec des infirmières qui n’avaient pas l’habitude de prendre en charge des enfants ».
1,2 million d’anesthésies pédiatriques par an.
En fonction du volume d’activité de l’établissement, il peut aussi être judicieux que celui-ci se dote d’une salle d’opération où puisse être regroupé le matériel spécifique à la pédiatrie. « Il est également possible de décider, par exemple, qu’un jour par semaine soit regroupée l’activité pédiatrique programmée », indique le Pr Ecoffey, en soulignant enfin l’intérêt d’avoir dans une équipe de plusieurs anesthésistes-réanimateurs un ou deux praticiens qui soient un plus spécialisés que les autres dans la pratique pédiatrique. « Certes, tous les anesthésistes-réanimateurs sont censés pouvoir endormir tous les patients, y compris les enfants. Mais le bon sens conduit à faire en sorte que dans les équipes, même réduites, on puisse trouver des praticiens un peu plus expérimentés que les autres sur la prise en charge des enfants ».
Selon le Pr Ecoffey, ces centres de proximité jouent aujourd’hui, à leur niveau, un rôle indispensable dans l’organisation de l’anesthésie pédiatrique en France. « Selon l’enquête de 1996 de la SFAR, on recense plus de 1,2 million d’anesthésies pédiatriques chaque année et il est bien évident que les centres de référence et les centres spécialisés n’auraient pas la capacité d’assumer toute cette activité. Les centres de proximité ont donc tout leur place pour assurer la prise en charge d’un certain nombre d’interventions (fractures, chirurgie ORL, etc.) dans des conditions de sécurité satisfaisante », souligne le vice-président de la SFAR.
D’après un entretien avec le Pr Claude Ecoffey, chef du pôle anesthésie-réanimation du CHU de Rennes et vice-président de la Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature