Premiers pas publics du nouveau président du Conseil national de l'Ordre (CNOM). D'entrée de jeu, le Dr Michel Ducloux a tenu à donner le ton de cette rentrée. Interrogé sur la publication des décrets d'application de la permanence des soins, il répond : « Ces décrets ne nous satisfont pas totalement, car la place exacte de l'Ordre n'y est pas suffisamment définie. » Quant à Louis-Jean Calloc'h, secrétaire général du CNOM, il estime pour sa part que, « dans cette nouvelle organisation, il manque un lien mécanique direct entre l'Ordre, la DDASS et le centre 15 ».
Et le président Ducloux de lister quelques points qui, selon lui, restent trop imprécis à la lecture des deux décrets d'application sur la permanence des soins (« Le Quotidien » du 18 septembre) : « On ne sait plus trop qui doit remplir les tableaux de garde ; est-ce le travail des médecins volontaires eux-mêmes, de l'ordre départemental, des Codamu-PS ? » (1). Le Dr Michel Ducloux regrette également que, dans cette nouvelle organisation de la garde, l'Ordre n'intervienne plus que pour vérifier que les médecins figurant sur le tableau de garde soient en situation régulière d'exercice. Mais il prend acte du rôle accru donné à la régulation dans cette nouvelle organisation : « Avant, les patients avaient tendance à abuser de la permanence des soins ; il n'était pas normal de déplacer un médecin à 3 heures du matin pour un problème de renouvellement d'ordonnance. » Quant au Dr Louis-Jean Calloc'h, il s'étonne de la date de parution des deux décrets et aurait souhaité qu'on tire les leçons de la canicule dans leur rédaction : « Ils étaient prévus pour être publiés bien avant l'été au "Journal officiel" ; on n'était donc plus à trois semaines près. Etait-ce de la hâte, de la précipitation ? L'avenir le dira. »
Démographie + canicule = catastrophe
Sur la canicule et la catastrophe sanitaire qui en a découlé, l'Ordre avait aussi un message à faire passer. « Dans les départements où l'Ordre était en contact avec le centre 15, tout s'est bien passé, à quelques exceptions près », a indiqué Michel Ducloux. « Là où les Ordres départementaux ont été en liaison directe avec la DDASS et les services d'urgence, ça a bien fonctionné », renchérit Louis-Jean Calloc'h. Manière sans doute d'enfoncer le clou sur la nécessité de « donner une place centrale à l'Ordre dans l'organisation de la permanence des soins », comme l'avait souhaité Michel Ducloux.
Pour le président comme pour le secrétaire général, les médecins libéraux n'ont pas failli durant la crise : « Dans le département du Rhône, le rapport Lalande a mentionné deux secteurs de garde défaillants ; les problèmes ont été tout de suite corrigés par l'Ordre départemental. Dans le Haut-Rhin, 75 % des libéraux étaient présents pendant la durée de la canicule. Et dans le département du Loir-et-Cher, le président départemental de l'Ordre a annulé ses vacances et a rappelé un certain nombre de médecins en vacances. » Quant à l'enquête que réalise le CNOM sur ces événements, ses résultats provisoires (60 %) sont « rassurants ». Mais pour Louis-Jean Calloc'h, « les problèmes de démographie médicale ont joué leur rôle dans la crise, et celle-ci a été un révélateur de problèmes qui existaient antérieurement. Démographie + canicule, c'était inexorable, c'était la chronique d'un désastre annoncé ». Quant à la note adressée par ses soins au Dr Lalande, auteur du rapport sur la canicule, « nous lui avions fait part de défaillances dans certains secteurs, et le Dr Lalande a traduit "secteur" par "département" ; dans nos prochaines communications chiffrées, on va être très prudents, nous voilà vaccinés ».
Enfin, sur la loi Gaymard relative aux territoires ruraux, le président Ducloux estime qu'elle « est une bonne chose. Mais il faudra distinguer l'installation et l'exercice : il y a beaucoup de médecins qui accepteraient de s'installer dans une ville moyenne et d'exercer à quelques kilomètres de là dans une maison médicale ou dans un cabinet de groupe au sein d'une zone médicalement désertique ».
(1) Le décret 2003-880 du 15 septembre 2003 précise que, « dans chaque secteur, un tableau départemental nominatif des médecins de permanence est établi pour une durée minimale de trois mois par les médecins mentionnés à l'article R-730 qui sont volontaires pour participer à cette permanence ou par les associations qu'ils constituent à cet effet ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature