Au lendemain de sa crise interne sans précédent, le Conseil national de l'Ordre des médecins a réuni en assemblée générale entre 250 et 300 responsables ordinaux départementaux et régionaux à Versailles (« le Quotidien » du 26 juin). « C'était une très très bonne journée, le climat était à l'échange et à la compréhension », assure le Pr Jean Langlois, président de l'Ordre national, bien que les trois quarts des ordres départementaux aient désavoué au printemps son prédécesseur, le Pr Bernard Hrni, et son équipe.
« Avec les conseillers nationaux, nous avons recueilli beaucoup d'explications, de demandes, de doléances ; tout cela est consigné et nous allons en tenir compte », promet le Pr Langlois. « La crise que nous avons connue a été provoquée par de nombreux facteurs dont l'insuffisance d'échanges et de concertation », rappelle-t-il. Compte tenu de « ce ressenti partiellement justifié », la nouvelle équipe de l'Ordre national s'est engagée à « recueillir désormais les avis des conseils départementaux quand il y a des décisions urgentes à prendre », au moyen du réseau intranet ou par fax - pour les 20 % de conseils encore rétifs aux messages électroniques.
« En une nuit, on peut changer un texte », souligne le Pr Langlois. Le président de l'Ordre envisage la « création de commissions supplémentaires, par exemple, sur la violence dans l'exercice professionnel », et l'organisation d'autres grand-messes régulières, comme celle de Versailles, ou regroupant seulement de 40 à 50 départements.
Les quelques responsables des ordres départementaux joints par « le Quotidien » semblent en tout cas avoir apprécié l'assemblée générale. Le président de l'Ordre des Ardennes, le Dr Daniel Billebaut, estime que la nouvelle équipe de direction du Conseil national « a l'air moins prétentieuse que la précédente, à l'écoute des gens et soucieuse de mettre en place un fonctionnement démocratique ». L'Ordre des Yvelines se déclare « tout à fait satisfait de son contact avec le nouveau bureau de l'Ordre national ». Son président, le Dr Gérard Ménager, « a pris acte des déclarations nettes (de l'Ordre national) sur le désir de communication et d'ouverture vis-à-vis des conseils départementaux ». De même, le Pr Henri Zattara, président de l'Ordre des Bouches-du-Rhône, se réjouit du « changement de climat » et de la fin des « décisions unilatérales ». « On est plein d'espoir, car on est tous conscients que l'Ordre est une institution nécessaire à une bonne médecine », explique le Pr Zattara.
Une réforme difficile à appliquer
Deux grands thèmes figuraient à l'ordre du jour de l'assemblée générale ordinale : la permanence des soins et la réforme de l'Ordre prévue par la loi du 4 mars sur les droits des malades et la qualité du système de santé. Le Pr Langlois constate qu'en matière de permanence des soins, « un certain nombre de départements ont pris des mesures et que, dans beaucoup d'endroits, cela ne fonctionne pas si mal », surtout après la levée des mots d'ordre syndicaux de grève des garde la semaine dernière. Il reste que « la démographie est un obstacle », selon lui, puisqu' « on ne peut pas demander à un médecin d'être de garde 7 jours sur 7 » dans certaines zones où il n'y a quasiment pas de médecin. C'est pourquoi le Pr Langlois entend saisir le ministre de la Santé du problème démographique qu'il a suivi de près depuis 1995 en tant qu'ancien président de la section ordinale « Santé publique ».
La réforme de l'Ordre devra, selon le Pr Langlois, être aménagée, car « la loi en l'état sera très difficile à appliquer ». Le président de l'Ordre national invoque « les dépenses considérables » à engager par l'institution financée par les seules cotisations des médecins, pour séparer la chambre disciplinaire de première instance et le nouvel échelon administratif régional, ainsi que la règle du non-cumul des mandats dans la mesure où « il sera difficile de trouver des hommes pour toutes ces fonctions ».
C à 20 euros : un recours contre l'avenant ?
L'Ordre national est « très très réservé » sur l'avenant à la convention médicale qui a été publié au « Journal officiel » le 29 juin et qui, entre autres, revalorise le tarif de la consultation. Il l'a fait savoir au ministre de tutelle dans l'avis qu'il a rendu par courrier. « Des dispositions, comme l'engagement de prescrire en DCI et de faire des tests angine, constituent une intervention de la Sécurité sociale dans l'exercice professionnel du médecin dans ses rapports avec le malade », explique le président de l'Ordre, le Pr Jean Langlois. « L'assurance-maladie commence à faire un peu trop fort », ajoute-t-il.
L'Ordre national envisage de déposer un recours juridique contre cet avenant maintenant entré en vigueur. Auparavant, il attend, d'ici au 14 juillet, la décision du Conseil d'Etat concernant son recours contre l'avenant n° 8 à la convention. Il s'agit de la transcription de l'accord signé par MG-France le 24 janvier qui avait porté la valeur du C de 17,53 à 18,5O euros. Cet avenant, selon l'Ordre, le dépossède de sa mission d'organisation des gardes.
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