D'APRÈS L'ORGANISATION mondiale de la Santé (OMS), «le recours aux médecines parallèles varie considérablement selon les pays et même à l'intérieur de différents pays en fonction des couches de population». En effet, ajoute l'OMS sur son site Internet, l'analyse d'un certain nombre d'études sur le recours aux médecines alternatives ou complémentaires, ainsi que des données recueillies dans des pays aussi divers que l'Autriche, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Australie ou Taïwan, par exemple, montre des divergences considérables, mais avec une constante : les médecines parallèles montent.
Elles peuvent s'appeler hypnose, massages thérapeutiques, phytothérapie, hydrothérapie, aromathérapie, auriculothérapie, chiropractie, chromothérapie, étiopathie, gestalt-thérapie, hypnosophrologie, hypnose thérapeutique, IMO (intégration par les mouvements oculaires), kinésiologie, magnétisme, massages sensitifs ou ayurvédiques, massages chinois, médecine chinoise, microkinésithéra- pie, musicothérapie, myothérapie, naturopathie, ostéopathie, réflexologie, sexothérapie, shiatsu, sophrologie, elles ont toutes en commun de s'éloigner du sacro-saint dogme du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), qui ne reconnaît que quatre médecines « particulières » exercées par des MEP (médecins à exercice particulier) : l'homéopathie, l'acupuncture, la mésothérapie et l'ostéopathie. Exit donc, explique le Dr Irène Kahn-Bensaude, notamment chargée de ces questions au Cnom, «l'aromathérapie, la naturopathie et autres patamédecines qui n'apportent rien au malade, sinon des risques réels pour sa santé».
Toutes dans le même sac.
Mais pourquoi l'Ordre reconnaît-il ces quatre médecines particulières et pas les autres ? Pour Irène Kahn-Bensaude, la réponse coule de source : «Ces médecines ont fait l'objet d'études de validation, et elles ont été expérimentées selon des critères validés scientifiquement en fonction des plus récentes connaissances.» Et pas les autres, qu'Irène Kahn-Bensaude réunit sous le vocable de patamédecines, et dont elle précise qu'elle «les met toutes dans le même sac».
D'autant que même ces quatre médecines particulières ne sont pas à placer, selon le Dr Kahn-Bensaude, au même niveau que l'allopathie : «Ce sont des disciplines complémentaires, exercées par des médecins diplômés, et qui apportent des bénéfices très précis au patient dans des cas de figure très précis. Ce sont des médecines d'appoint utiles, rien de plus. Par exemple, aucun médecin ne se risquerait à soigner une angine à streptocoque à coups de granules homéopathiques. Il y aurait des risques de complications à long terme.»
Il y a aussi le cas particulier de l'ostéopathie. Car si l'acupuncture, l'homéopathie et la mésothérapie ne peuvent être exercées en France que par un médecin diplômé, il en va différemment pour l'ostéopathie, exercée par des médecins généralistes, des kinésithérapeutes ou des… ostéopathes. Inutile à ce sujet de demander au Dr Kahn-Bensaude ce qu'elle pense des ostéopathes non médecins, qu'elle appelle des «ni-ni». Ni médecin ni kiné. La conseillère nationale du Cnom a, en revanche, un petit couplet sur certaines facultés de médecine qui délivrent parfois un diplôme universitaire (DU, à ne pas confondre avec le diplôme interuniversitaire, le DIU) dans des disciplines exotiquement alternatives, «le plus souvent pour de simples considérations financières».
Perte de chance.
Mais, même si l'Ordre reconnaît la valeur de l'homéopathie, de l'acupuncture, de la mésothérapie et de l'ostéopathie, ces disciplines sont parfois combattues avec virulence par certains médecins, quand ce n'est par l'Académie de médecine, qui, dans un passé récent, tirait à boulets rouges sur l'homéopathie, accusée d'être dénuée de fondement scientifique. L'Académie de médecine a exigé la démonstration de l'efficacité de ces produits et préconisé leur déremboursement pur et simple. Le Dr Roger Parot, chirurgien orthopédiste pédiatre, parle pour sa part, sur un site antiostéopathie qu'il a lui-même contribué à créer, de l'ostéopathie comme d' «une pratique pseudomédicale» dont il faut combattre les prétentions.
Quant à savoir ce qui pousse les patients à s'adresser toujours plus nombreux à ces médecines alternatives, ce n'est pas le sujet pour le Dr Kahn-Bensaude, qui, au cas où un de ses patients reconnaîtrait y avoir recours, a un argumentaire bien rodé : «C'est votre choix, assumez-le. Vous vous exposez à une perte de chance, vous pouvez faire ce que vous voulez, mais c'est à vos risques et périls.»
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