Le temps de la médecine
Le temps n'est plus, heureusement, où les scandales, dans le domaine de la chirurgie esthétique, étaient monnaie courante. Chacun ou presque avait alors son histoire à raconter.
Depuis plusieurs années, la profession, aidée par l'Ordre des médecins, a cherché à y mettre bon ordre, et, si tout n'est pas encore parfait, beaucoup de choses se sont arrangées.
Dans cet esprit, la loi sur les droits des malades du 4 mars 2002 a déterminé les conditions d'accréditation des installations de chirurgie esthétique, qui devront répondre, comme pour tout établissement de santé, à des critères de qualité et de sécurité aussi précis que stricts.
Autre disposition importante de la nouvelle législation, l'obligation pour tout praticien qui va réaliser une intervention d'informer le malade ou la malade des risques et de ses éventuelles conséquences. Il doit également lui remettre un devis détaillé concernant cette opération et le résultat attendu.
Une obligation de résultat
C'est le contenu même du devis qui a soulevé parfois une polémique entre certains médecins et l'Ordre. On se souvient en particulier que, lors d'une réunion organisée par la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF, « le Quotidien » du 21 mai 2001), le Pr Jean Langlois, qui n'était pas encore président de l'Ordre, s'était prononcé pour une obligation de résultat qui corresponde au contenu précis du devis présenté par le médecin à son patient ou à sa patiente avant l'intervention. Ce qui avait entraîné quelques remous, notamment au Syndicat national de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. « Personne ne peut assurer à 100 % le résultat d'une intervention », avait dit l'un des praticiens présents.
Aujourd'hui président du Conseil national de l'Ordre, le Pr Langlois ne change pas de discours : « On ne peut évidemment assurer que l'intervention chirurgicale elle-même soit entièrement dénuée de risques, car il peut toujours y avoir, au cours d'une opération, des impondérables ; des complications inattendues peuvent évidemment survenir, tous les chirurgiens le savent.En revanche, les résultats esthétiques obtenus à l'issue de l'intervention doivent être tout à fait conformes à ce qui a été décrit au malade ou à la malade et à ce qui est réellement inscrit dans le devis présenté. »
Pour le Pr Langlois, on est là dans un domaine particulier : car si l'on peut admettre que le chirurgien ne peut être tenu de guérir toutes les maladies qu'il doit opérer, il doit, en chirurgie esthétique, s'obliger à tenir ce qu'il a promis. « D'autant, ajoute-t-il, que, dans bien des cas, le chirurgien montre à son ou sa malade, par ordinateur, sur une image virtuelle, le résultat de l'opération qu'il va réaliser. » Parfois même, pour le convaincre de subir cette intervention.
L'Ordre est donc très attentif à tout ce qui se passe dans ce domaine, d'autant, dit le Pr Langlois, que « nous sommes saisis de nombreuses plaintes de malades et de patients qui concernent, bien des fois, des chirurgiens qui n'ont pas la compétence voulue pour faire des interventions ».
Malheureusement, poursuit-il, un très grand nombre de ces plaintes se règlent à l'amiable, entre avocats, ce qui ne permet pas toujours de « mettre de l'ordre dans cette profession ». Ce qui serait pourtant nécessaire. « Il y aurait grand besoin, explique le Pr Langlois, de moraliser cette profession en termes de qualité et de pratique. »
Des praticiens qualifiés
Mais le président de l'Ordre reste optimiste. « Cela va s'arranger, explique-t-il. La chirurgie plastique et reconstructrice est maintenant reconnue, et ses spécialistes ont toutes les qualités voulues pour améliorer l'image de cette profession. Peu à peu, ceux qui ont profité de l'omnivalence du diplôme de médecin pour opérer s'en vont et sont remplacés par des praticiens très qualifiés. »
Des établissements qui bénéficient maintenant d'une législation claire et précise, avec des normes de sécurité bien établies, des praticiens qualifiés et compétents : ces deux réformes devraient rapidement permettre à la chirurgie esthétique de restaurer son image. L'Ordre, en tout cas, compte s'y employer.
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