C’est peu dire que, depuis plusieurs mois, l’ambiance n’est pas au beau fixe à l’Ordre de Paris. Le 15 mars dernier, dans le cadre de l’élection du nouveau bureau, le président sortant Gérard Zeiger était battu par le Dr Didier Rougemont après huit années passées à la tête de l’institution parisienne. Mais deux médecins de l’Ordre de Paris (les Drs Philippe Biclet et Isabelle Gautier) déposent une saisine de contestation, estimant que la procédure électorale n’a pas été respectée. Si bien que, le 5 avril, le Dr Rougemont fait à nouveau procéder à l’élection. Peu de temps après, une autre saisine est déposée contre ce nouveau scrutin, et les élections du président et de l’ensemble du bureau sont à nouveau annulées. Le 6 février dernier, le Dr Rougemont convoque les conseillers parisiens à une nouvelle élection du bureau pour le 14 février. Une initiative aussitôt contestée par les Drs Biclet et Gautier, soutenus par sept ou huit autres conseillers parisiens, qui estiment que, l’élection du président ayant été annulée, celui-ci ne peut appeler en sa qualité à de nouvelles élections. Le 14 février, le même bureau est cependant élu.
Irrégularités.
Mais le ver de la contestation a pénétré le fruit ordinal, et les règlements de compte succèdent aux procédures. Notre confrère « le Parisien » publiait vendredi une enquête sur le fonctionnement de l’Ordre de Paris, dans lequel il signalait plusieurs irrégularités dans le fonctionnement et la gestion de l’Ordre de Paris. Mais surtout, il révélait que plusieurs membres du bureau perçoivent une indemnité de perte de ressources : le président toucherait 85 000 euros par an, le secrétaire général 84 000, et 45 000 euros auraient été attribués au trésorier et aux secrétaires généraux adjoints. Sans oublier des primes de fin de mandat. C’est ainsi que le président sortant aurait perçu 42 000 euros après avoir quitté la tête de l’Ordre parisien au printemps dernier. Enfin, des cartes bleues personnelles seraient à la disposition du président et du secrétaire général, sans que cela apparaisse dans les comptes de l’Ordre.
Explications.
Contacté par « le Quotidien », le président Rougemont donne sa version des faits. Sur les indemnités de perte de ressources, il indique que ces primes existaient avant qu’il n’accède à la présidence et que tout a été fait sous le contrôle de l’Ordre national. «Avec la crise démographique, ajoute-t-il , il y a de moins en moins de candidats aux postes de responsabilité à l’Ordre. Si on veut avoir des responsables qui travaillent, il faut bien les dédommager pour la perte de ressources correspondante.»
Même explication pour l’indemnité de départ : «Quand un conseiller a fini son mandat, il ne touche plus son indemnité de perte de ressources, mais il a perdu une part de sa patientèle qu’il met des mois à tenter de reconstituer.» Quant à la carte bleue dont il dispose, il assure que «si elle n’apparaît pas dans les comptes, c’est parce qu’(il) ne l’utilise jamais». Même tonalité chez le secrétaire général, le Dr Hervé Boissin : «Cela fait plus de 25ans que le secrétaire général de l’Ordre de Paris est rémunéré.» Il ajoute que, depuis 25 ans, cette indemnité n’a jamais été revalorisée, hormis le rattrapage de l’inflation. Quant au Dr Irène Kahn-Bensaude, vice-présidente de l’Ordre parisien, elle rappelle que c’est sous la présidence de Gérard Zeiger que le président de l’Ordre a commencé à être rémunéré. Ce que confirme l’intéressé qui précise que, ayant été le premier président non retraité de l’Ordre de Paris, «il était normal que je sois indemnisé comme l’était déjà le secrétaire général. J’ai toujours bien gagné ma vie comme médecin et l’indemnité ne m’a pas enrichi, elle n’a fait que compenser la baisse de mes honoraires».
Gérard Zeiger a pu constater que tous les Ordres versaient ce type d’indemnités à leurs responsables, «et parfois pour des montants plus élevés». Quant aux péripéties électorales de l’Ordre de Paris, Gérard Zeiger, qui estime que tout cela fait désordre, rappelle qu’il a lui-même «alerté le Cnom pour lui demander de superviser les élections». Au conseil national précisément, on se veut prudent et on indique que «le Cnom entend rapidement recueillir de la part de l’Ordre de Paris une vérification des informations divulguées. En fonction des réponses, le Cnom décidera de son attitude, et fera au besoin diligenter une enquête extérieure».
Car même si tout est transparent dans cette affaire d’indemnités, un point prête à confusion : quand Gérard Zeiger a décidé d’indemniser la fonction de président, c’est Didier Rougemont qui était trésorier de l’Ordre de Paris. Mais il était également (et il est encore) président de la commission de contrôle nationale des comptes des Ordres départementaux, ce qui fait un peu juge et partie.
Il reste que, s’agissant de l’élection à répétition du bureau de l’Ordre de Paris, tout n’est pas réglé, et il n’est pas exclu que cette troisième élection suive le même chemin que les deux précédentes, et soit annulée pour vice de procédure.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature