L'ANNONCE PAR LA MINISTRE de la Santé de révision des modalités de la formation médicale continue obligatoire attise les ambitions du monde médical. Plus personne n'est aujourd'hui en mesure de dire à quoi ressemblera le dispositif d'amélioration de la qualité des soins, s'il voit le jour, ni qui le pilotera. Les conseils nationaux de FMC (CNFMC) redoutent d'en perdre le contrôle au terme de leur mandat quinquennal en février 2009. Ils prêtent à la Haute Autorité de santé (HAS) l'intention de vouloir chapeauter le dispositif, ce dont la HAS se défend. Dernier épisode de la saga « FMC obligatoire » qui entame sa treizième saison : le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) a très clairement pris position pour devenir le nouveau patron de la FMC. Après avoir annoncé dans nos colonnes l'été dernier que la formation et l'évaluation des pratiques professionnelles (EPP) devaient être simplifiées, le Dr Michel Legmann précise clairement ses intentions. À l'heure où une mission de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) va plancher sur les pistes de simplification de la FMC, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) milite pour un rapprochement de la FMC et de l'EPP dans la prochaine loi Santé, patients et territoire qui sera débattue cet automne. Il souhaite une fusion des trois conseils nationaux de FMC et la suppression de leur comité de coordination. «Tous les médecins ont droit à la même formation, qu'ils soient libéraux, salariés ou hospitaliers», déclare-t-il.
Pas une bonne idée pour les CNFMC.
Le dispositif de formation devrait répondre au schéma suivant, selon Michel Legmann. Les CNFMC continueraient à agréer les structures de formation en respectant le cahier des charges qu'ils ont défini. La HAS définirait le contenu des référentiels avec les collèges professionnels et les sociétés savantes. «La validation de l'obligation échoirait naturellement à l'Ordre», poursuit le président du CNOM. Ce sont ainsi les conseils régionaux de l'Ordre qui remplaceraient les conseils régionaux de FMC (CRFMC) dans la validation des obligations quinquennales de formation et d'évaluation. «Ils exerceraient un processus de contrôle et de pointage et, en collaboration avec les départements, il y aurait un processus de conciliation pour les médecins qui n'auraient pas obtenu leurs 250crédits au bout des cinq années. C'est à l'Ordre de s'occuper de cette explication confraternelle. Tout est prévu par les textes!»
Pour le Dr Legmann, il n'est pas question de vouloir remettre à plat l'ensemble du système : «Les médecins se forment par dizaines de milliers, des centaines de congrès sont agréés chaque année. Les médecins qui ont suivi des formations depuis deux ou trois ans doivent maintenant les voir validées où nous risquons de les décourager.»
La prise de position du Dr Legmann en faveur d'un leadership de l'Ordre des médecins n'est pas passée inaperçue. «Je ne souhaite pas ce scénario, ce n'est pas une bonne idée, estime le Dr Bernard Ortolan, président du Conseil national de FMC des médecins libéraux. Vouloir un conseil unique et supprimer le comité de coordination est incohérent. Les médecins souhaitent que l'organisation reste entre les mains de la profession. Il ne doit pas y avoir de prédominance de l'Ordre, des syndicats, de l'université ou des associations. Nous devons nous exprimer de façon unitaire. L'Ordre et les CNFMC ne doivent faire qu'un. Si on laisse penser que cet équilibre est rompu, le gouvernement confiera le dispositif à la HAS.» Le prochain conseil plénier devrait être animé par le président du CNFMC des médecins libéraux et son vice-président, le Dr Legmann.
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