«Plonger le lecteur dans sa fantasmagorie pour une meilleure perception du monde, tout en le faisant voyager à travers le temps et l'espace», est l'ambition de Patrick Ho-Van-Truc à travers son foisonnant roman «le Labyrinthe de Thot et le tarot divinatoire»(1).
Né à Paris en 1964, l'auteur a fréquenté la faculté de médecine de Marseille puis il a exercé en Normandie de nombreuses années. Le docteur Patrick Ho-Van-Truc s'occupe maintenant d'un service de médecine physique et de réadaptation à Hauteville, dans l'Ain.
L'ouvrage met en scène deux êtres meurtris par la vie : Art, médecin psychiatre, et Ariane, une âme perdue. Ensemble, plongés dans l'univers légendaire des arcanes du tarot de Marseille, ils découvrent les clés qui leur permettent de voyager dans l'espace et le temps, de franchir les sept portes pour traverser le labyrinthe du dieu égyptien des écritures et du savoir, Thot à tête d'ibis.
Au terme d'un long périple de soixante-dix-huit chapitres – le nombre des cartes du tarot – qui les fait remonter dans le passé à des moment cruciaux, les héros atteignent la Crète antique, au temps de Minos. Ariane retrouve sa mère Pasiphaé, sa soeur, Phèdre, Thésée et Icare. Alors peut s'accomplir l'épreuve finale dans le labyrinthe creusé dans la montagne sacrée selon les plans de l'architecte Dédale, à la rencontre du Minotaure...
Psychiatre et passionné par l'histoire, Armand Cabasson est un écrivain à multiples facettes. Il s'est ainsi illustré dans le roman policier historique – où il transcrit notamment sa passion pour l'époque napoléonienne – mais il est aussi l'auteur de recueils de nouvelles fantastiques, dont le très intéressant « Poisson bleu nuit ». Avec «la Dame des MacEnnen» (2), Armand Cabasson, grand connaisseur du Moyen Âge et de la mythologie préchrétienne, aborde la fantasy. Il nous ramène au temps de la guerre des Deux-Roses, qui en 1461 dévaste l'Angleterre et menace l'Écosse. Ingram, le nouveau seigneur du clan MacEnnen, rencontre Enneline, archange devenue fée sur Terre. Leurs destins basculent, et l'ordre établi, qui devait guider les générations à venir, s'en trouve bouleversé.
Autre personnalité hors du commun, Roland Moreau – qui est médecin, physicien et haut fonctionnaire, inspecteur général des Affaires sociales – publie, au retour de Mauritanie où il a été en poste pendant quatre ans, un roman : «Noir désert. Les conspirateurs du Sahara»(3). Il s'agit en fait d'un thriller géopolitique, «qui apporte un éclairage nouveau sur les conflits au Proche-Orient», précise-t-il.
Le décor est impressionnant : le Tiris-Zemmour, au nord-est du Sahara mauritanien, une région difficilement accessible, proche des frontières algérienne et malienne, qui sert de refuge à des centaines de combattants islamiques qui se font appeler Al-Qaida au Maghreb islamique. Sur les pourtours de cette zone à risque, les Américains ont installé des bases militaires à l'abri des regards. Voilà pour la réalité. La fiction (?), c'est une manipulation politique de haut vol qui réunira deux Français dans ce lieu de tous les dangers et les conduira vers des destins hors du commun.
De sa qualité de médecin, il n'est fait nulle mention dans la présentation du premier roman de Jean-François Wirth,«Un si long silence» (4). Un morceau de corde sur le point de se rompre illustre la situation d'attente et d'angoisse que l'on découvre dans les premières pages de ce récit très actuel alors que des parents divorcés mais consciencieux s'apprêtent à fêter les dix-sept ans de leur aînée, Alicia.
Lui, médecin aux urgences, ne surnage qu'avec l'aide de cachets, elle, publicitaire, s'est refait une santé à force de travail et en montant une société avec son nouveau compagnon ; que n'apprécient ni la jeune fille ni son frère âgé de douze ans. Une famille banale et bancale comme tant d'autres, sauf que cette famille n'a jamais réglé ses comptes et surtout est à la merci d'un vilain secret qui ne demande qu'à sortir du placard où l'on croit l'avoir enfermé.
Médecin à Caen, Jean-Pierre Michel brosse dans «Des nuages dans le ciel» (5) une chronique familiale et sociale. Le récit s'élabore en l'année 1912, dans le nord du Cotentin et nous plonge dans le quotidien des Gougins, «un enfer de pauvreté, de malheur, de tristesse». Le père, qui sort chaque jour sur sa petite barque pour ramener le poisson qui permettra de nourrir sa femme et ses sept enfants, meurt noyé. Bientôt, l'aînée, Jeanne, habituée à subir mais révoltée, monte à Paris pour continuer ce qu'elle a toujours été, bonne à tout faire, mais auprès des riches. Ainsi va la vie, entre destins individuels et moments historiques, mariages et amours interdites, deux guerres et les événements du Front populaire. Un demi-siècle de tempêtes créées par les hommes, seulement éclaircies par la personnalité de quelques-uns.
(1) Éditions Bénévent, 530 p., 23 euros.
(2) Éditions Glyphe, 141 p., 14 euros.
(3) L'Esprit du livre Éditions, 173 p., 20 euros.
(4) In Octavo Éditions, 212 p., 20 euros.
(5) Éditions Bénévent, 235 p., 19 euros.
Un conte oriental galant
Nommé docteur de la Faculté de médecine de Paris en 1745, titulaire de la chaire de chirurgie en 1766, Antoine Le Camus est connu surtout pour sa « Médecine de l'esprit ». À partir de 1760 il a publié des mémoires sur divers sujets de médecine jusque, en 1769, « la Médecine pratique rendue plus simple, plus sûre et plus méthodique ».
Mais auparavant, en 1754, est paru «Abdeker, ou l'art de conserver la beauté». A priori un conte oriental galant, qui raconte l'histoire d'un amour interdit entre Abdeker, le jeune médecin attaché au soin des femmes du sérail du sultan à Constantinople, et la splendide Fatmé. Afin de multiplier les occasions de rendre visite à sa bien-aimée, Abdeker entreprend de transmettre à cette dernière tous les moyens pour une femme de conserver la beauté.
L'ouvrage se lit donc comme une fiction mais aussi comme un traité complet sur la beauté – causes physiques, causes morales, rien n'y est omis – sans oublier l'intérêt historique d'un document portant sur les canons esthétiques féminins du XVIIIe siècle. Un mélange formel qui constitue l'originalité d'un texte qui propose à la fois un savoir sur le corps, et un point de vue sur ce savoir.
Éditions Jérôme Millon, 283 p., 20 euros.
Premières nouvelles
Jean-François Lopez est né en 1957 en Algérie. Il est chirurgien. «La rivière de pierre», son premier recueil de nouvelles, témoigne de ses goûts pour la mer, le voyage, le monde arabe. Les sept textes, regroupés ici et qui se répondent les uns les autres, illustrent les ambiguïtés, les limites mais aussi les richesses de la rencontre entre monde arabe et Occident. Les portraits qu'il brosse sont de petites gens pour la plupart, ce qui ne les empêche pas de concentrer tous les grands sentiments. Du fond de leur djebel, de leur banlieue ou de leur désert, les personnages nous interpellent de la même façon, et l'on est tenté de leur répondre.
Éditions L'Harmattan, 182 p., 17 euros.
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