DÉSORMAIS, 66 % des Français (contre 75 % en 2000) jugent «normal que l’on dépense de plus en plus pour la santé» dans un pays développé, selon une étude de la Drees (1), qui a interviewé 4 000 personnes à domicile entre le 6 mars et le 28 avril 2006. De même, 63 % des Français interrogés (taux en baisse de 9 points par rapport à la période 2000-2002) «estiment qu’il n’y a pas de raison de limiter les dépenses car la santé n’a pas de prix». L’étude relève que cette opinion est plus largement admise chez les ouvriers que chez les professions libérales et les cadres supérieurs.
Cependant, une très large majorité de Français (85 % contre 81 % en 2000) considèrent que «les dépenses de santé sont trop élevées car le système n’est pas bien géré». Le système existant n’est pas pour autant remis en cause, puisque seulement 22 % des personnes sondées (28 % en 2000) pensent que «cela marcherait mieux s’il n’y avait pas le monopole de la Sécurité sociale».
Pour réduire le déficit de l’assurance-maladie, les Français interrogés citent prioritairement trois mesures. La première, choisie par 77 % d’entre eux (contre 75 % en 2005) consiste à «ne pas rembourser les consultations pour les gens qui vont consulter plusieurs médecins pour la même chose». La deuxième, qui recueille 75 % des suffrages (contre 79 % en 2005), revient à «modifier les habitudes des médecins pour qu’ils prescrivent moins de médicaments et d’examens, ou des médicaments et des examens moins chers». Enfin, 74 % (73 % en 2005) préconisent de «limiter la liberté des médecins concernant les prix de leurs consultation».
Les deux mesures les moins prisées pour résorber le trou de la branche maladie portent sur «la limitation du remboursement de la Sécurité sociale pour certaines prestations» (seulement 44 % d’opinions favorables, en baisse de 4 points par rapport à 2005), et «l’augmentation des cotisations» (15 %).
En cas de diminution des remboursements de certaines prestations, plus de la moitié des Français interviewés par la Drees (54 %, en hausse de 9 points par rapport à 2004) préfèreraient limiter leurs dépenses de soins, plutôt que de payer de leur poche la différence (15 %) ou de « payer une cotisation plus élevée pour leur mutuelle ou assurance complémentaire pour maintenir le niveau de remboursement global» (25 %).
Quant au dispositif du médecin traitant institué par la réforme de 2004, 69 % des Français en attendent «une amélioration de la qualité des soins et du suivi médical», tandis que seulement 45 % estiment que cela peut «contribuer à réduire les dépenses de santé». Le dossier médical personnel (DMP), autre innovation phare de la réforme, est perçu à 80 % comme un outil d’ «amélioration de la santé du patient et de son suivi médical» et à 56 % comme un moyen de «réduction des dépenses», tandis qu’un tiers le verrait bien «réservé aux patients atteints d’une maladie grave».
Enfin, l’enquête de la Drees recense les solutions qui ont la faveur des Français pour tenter de réduire la consommation de médicaments. 78 % d’entre eux proposent le plus souvent (en première ou en deuxième solution) de «limiter les médecins dans leurs prescriptions de médicaments pour chaque patient», et 54 % citent le déremboursement des médicaments pour les pathologies sans gravité. Arrivent loin derrière : l’idée d’une participation forfaitaire par boîte payée par le patient (25 % des citations) et celle d’une baisse du taux de remboursement par la Sécu sur l’ensemble des médicaments (15 %).
(1) Pierre Boisselot, « L’évolution des opinions des Français en matière de santé et d’assurance-maladie entre 2000 et 2006 », études et résultats de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) n° 516, septembre 2006.
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