LE PLUS RÉCENT est celui présenté en 2004 à l’Opéra néerlandais à Amsterdam, dont nous avions ici rendu compte. On ne reviendra donc pas sur la mise en scène très fouillée et dramatique de Willy Decker dans le décor clostrophobiant de Wolfgang Gussmann, sauf pour dire une fois de plus que certaines mises en scènes aujourd’hui semblent plus réglées pour un film que pour le public des théâtres.
Mais cet enregistrement vidéo a beaucoup d’atouts : le chef Riccardo Chailly pour sa dernière collaboration avec l’Orchestre du Concertgebouw et une belle brochette de solistes. Le ténor mexicain Rolando Villazón y excelle pour ses débuts dans le rôle-titre : les réserves que nous avions émises sur la projection limitée de sa voix dans ce grand théâtre disparaissent au DVD pour laisser place à l’admiration devant tant de raffinement vocal et d’engagement dans la personnalité torturée de l’Infant. Le vétéran Robert Lloyd en Philippe II et la mezzo Violetta Urmana en Eboli sont à la hauteur. Avec la chaleur du live, en prime un documentaire sur les répétitions et un livret très bien illustré, c’est un modèle de DVD (1).
En 1979, le Metropolitan Opera de New York demandait à John Dexter un nouveau « Don Carlo » pour donner la version complète en cinq actes en italien (l’opéra fut créé ainsi à l Opéra de Paris en 1867, mais en français). Production très traditionnelle, qui s’en plaindrait, mais avec une distribution de monstres sacrés comme seul le Met pouvait en réunir à l’époque. Filmé en 1983 ce « Don Carlo » compte rien moins qu’un Plácido Domingo au sommet de ses moyens, Mirella Freni, Nicolaï Ghiaurov, Ferrucio Furlaneto, Louis Quilico et l’extraordinaire Eboli de Grace Bumbry. On a difficilement fait mieux ! Et James Levine enlève tout cela d’une baguette lyrique et dramatique (2).
Mais le document le plus touchant vient de Covent Garden. La mise en scène de Luchino Visconti est d’une beauté à couper le souffle. On est vraiment à l’Escurial et l’ombre de Zurbarán plane sur les cloîtres et les corridors glacés.
Bernard Haitink, directeur musical du Royal Opera à l’époque (1985), dirige avec un sens dramatique inné et fait ressortir les magnifiques alliances entre instruments et voix dont la partition regorge.
Distribution somptueuse avec la très touchante Ileana Cotrubas en Elisabeth de Valois et déjà, à l’heure de sa splendeur, le somptueux Philippe II de Robert Lloyd à qui Visconti avait fait une tête à la Vélasquez. Étoile filante dans ces années 80, le ténor Luis Lima est le plus émouvant Carlo avec des moyens que beaucoup pourraient lui envier aujourd’hui. Très noble Posa de Giorgio Zancanaro et Eboli très en couleur de Bruna Baglioni. Certainement le « Don Carlos » dans la version italienne en cinq actes à posséder en premier choix (3).
1) 2 DVD Opus Arte (Codaex).
2) 2 DVD Deutsche Grammophon/Universal.
3) 1 DVD NVC Arts (Warner Music).
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