J USQU'A présent, les études génétiques par micropuces pour étudier le vieillissement des mammifères se sont concentrées sur des tissus postmitotiques, à savoir le muscle et le cerveau, et elles ont trouvé des modifications portant sur les gènes associés au développement.
Le foie, quant à lui, est un tissu potentiellement mitotique ; c'est un organe clé pour l'homéostasie du glucose, le métabolisme et la détoxification xénobiotique et la synthèse et la dégradation des stéroïdes. Il a également un rôle majeur dans la synthèse protéique.
Si les fonctions hépatiques sont en général bien conservées au cours du vieillissement, il existe cependant des modifications : augmentation du cholestérol biliaire et sérique, déclin de la régénération hépatique, baisse de la clairance hépatique des médicaments, diminution du volume du foie et du flux sanguin hépatique.
Quant à la restriction calorique, c'est la seule intervention connue capable d'accroître l'espérance de vie des mammifères ; c'est aussi un moyen de réduire l'incidence des cancers et de retarder l'âge de survenue des maladies liées à l'âge et des cancers.
Expression des gènes augmentée ou diminuée
Une équipe californienne a voulu faire la part de ce qui revient à l'alimentation et de ce qui revient à l'âge sur l'expression de 11 000 gènes et séquences dans le foie. Pour cela, ils ont étudié des souris jeunes (7 semaines) et des souris âgées (27 semaines), soumises à une restriction calorique à long terme (RCLT) ou à court terme (RCCT).
Sans entrer dans les détails, les résultats sont schématiquement les suivants :
- 46 gènes connus (0,9 %) ont une expression soit augmentée (n = 20), soit diminuée (n = 26) au cours du vieillissement ;
- parmi les 20 gènes dont l'expression augmente, 40 % sont associés à l'inflammation, ce qui suggère que l'inflammation est un signe de vieillissement commun au foie et au cerveau ;
- parmi les 26 gènes dont l'expression diminue, 23 % sont impliqués dans la réplication de l'ADN et le cycle cellulaire ; la plupart ont un effet négatif sur la croissance et la division cellulaire ;
- la RCLT s'oppose à l'accroissement de l'expression de 14 gènes sur 20 (notamment à l'expression de 3 protéines de stress) ;
- la RCCT reproduit 70 % des modifications observées sous RCLT chez les souris âgées ; elle inverse (plutôt qu'elle ne prévient) bon nombre de modifications d'expression génique liées à l'âge ;
- la RCLT reprogramme l'expression de 11 gènes : 7 uniquement chez la souris âgée et 4 à la fois chez la souris jeune et la souris âgée ;
- chez la souris jeune, la RCLT mime ce que l'on observe chez la souris âgée, notamment au niveau de la réponse au stress, de l'énergie et du métabolisme xénobiotique ; ces modifications précoces semblent être essentielles pour l'accroissement de l'espérance de vie.
Shelley X. Cao et coll. « Proc Natl Acad Sci USA », 11 septembre 2001, pp. 10630-10635.
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