LA 61e ASSEMBLÉE de l'OMS, rassemblant 193 États membres, qui s'est ouverte lundi à Genève pour une semaine, doit débattre, entre autres sujets*, des «stratégies permettant de réduire l'usage nocif de l'alcool». «Plusieurs grands États en développement ont fait part de leur intérêt pour ce projet», assure le chef de cabinet de la directrice générale, Margaret Chan.
En revanche, les associations de lutte contre l'alcoolisme doutent de la capacité de l'OMS à imposer une réglementation internationale efficace à l'instar de la convention-cadre sur le tabac entrée en vigueur en 2005. Elles évoquent, à cet égard, les pressions exercées par les alcooliers, soutenus par des États influents, qui assurent agir, eux-mêmes, en faveur d'une consommation saine et modérée. «Aucun lien n'a jamais été établi entre la publicité pour les boissons alcooliques et une augmentation de la consommation», prévient d'ores et déjà l'association professionnelle GAP, qui réunit de grands groupes comme Pernod-Ricard, Heineken ou encore Diageo. «La réclame ne fait qu'accroître l'impact d'une marque aux dépens d'une autres», affirme l'association professionnelle. «On ne saurait sous-estimer la puissance considérable du secteur», met en garde Alcohol Concern, organisation britannique qui appelle l'OMS à mettre en place un cadre juridique s'inspirant des meilleures initiatives prises dans les différents pays, comme la France avec ses restrictions «sévères» en matière de publicité. En février dernier, la justice a interdit la pub sur Internet, donnant trois semaines à Heineken pour retirer ses annonces de son site destiné aux Français.
Les jeunes sous surveillance.
Et, à Genève comme à Paris, l'alcoolisme précoce chez les jeunes, qui boivent pour se saouler, devient une préoccupation majeure. Ainsi, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) recommande «l'interdiction de la promotion des boissons alcooliques par tarifs incitatifs» ( «happy hours», «open bars») et de «la vente à la bouteille des boissons des groupes 3 à 5** dans les établissements bénéficiant d'une autorisation de nuit». La MILDT préconise, en outre, dans son plan de lutte 2008-2011, qui sera prochainement présenté (« le Quotidien » du 7 avril), une hausse des taxes, fixées pour l'instant à 19,6 %, en direction des bières de plus de 6°. De leur côté, les députés UMP Daniel Mach et Jacques Domergue, chargés par le président du groupe majoritaire de l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, d'une mission sur l'alcoolisation des jeunes***, suggèrent qu'on prohibe la vente aux mineurs dans les commerces alimentaires sur présentation d'une pièce d'identité.
L'alcool est directement responsable d'environ 4 % des décès et des maladies dans le monde.
* L'Assemblée s'intéresse également à la menace de pandémie de grippe d'origine aviaire, aux maladies non transmissibles comme l'obésité ou le diabète, aux brevets pharmaceutiques.
** Cela touche l'ensemble des boissons alcooliques, à l'exclusion de la plupart des vins, des bières et des cidres.
*** Un rapport est attendu pour le début juillet.
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