LA POLLUTION atmosphérique (due, notamment, aux particules en suspension) réduit l'espérance de vie dans l'Union européenne de 8,6 mois en moyenne, estime l'Organisation mondiale de la santé. Selon ces évaluations, effectuées sur l'année 2000, ce sont les Allemands qui paient le plus lourd tribut avec 10,2 mois de vie perdus.
L'élévation, même à court terme, des concentrations de particules dans l'atmosphère accroît le risque d'hospitalisation en urgence pour des causes cardio-vasculaires et respiratoires.
Les particules fines, qui pénètrent plus profondément dans les poumons, où elles peuvent atteindre la région alvéolaire, sont les plus dangereuses. Les politiques actuelles visant à réduire les émissions de polluants atmosphériques d'ici à 2010 devraient permettre à la population européenne de gagner 2,3 mois de vie. Cela reviendrait à éviter 80 000 décès prématurés, précise l'OMS, qui ajoute que la réduction de la mortalité imputable aux particules engendrerait un gain annuel estimé entre 58 et 161 milliards d'euros.
« Il existe déjà des mesures efficaces visant à réduire les effets de la pollution atmosphérique sur la santé et à allonger l'espérance de vie », déclare le Dr Marc Danzon, directeur régional de l'OMS pour l'Europe. Les transports et l'utilisation de combustibles fossiles dans les habitations sont les plus grands responsables de la pollution de l'air par les particules. « Le caractère transfrontalier de la pollution par les particules exige que tous les pays prennent des mesures qui profiteront à la population européenne », souligne le Dr Roberto Bertollini, directeur du programme spécial sur la santé et l'environnement au bureau régional de l'OMS pour l'Europe. « A cet égard, l'Allemagne a un rôle décisif à jouer, à la fois pour protéger la santé de la population allemande et pour diminuer l'exposition aux particules dans les pays voisins et dans l'ensemble de la région européenne de l'OMS. »
Quelles mesures sont les plus efficaces ?
Aucune étude n'a réussi à déterminer un seuil de concentration en deçà duquel les particules ambiantes sont sans effets sur la santé. Pour l'OMS, les objectifs de réduction de la pollution par les particules fixés par la législation actuelle doivent donc être « poussés plus avant ». Les mesures telles que la régulation de la circulation ou l'amélioration des espaces urbains au niveau local « se révèlent très efficaces pour réduire l'exposition des personnes vivant dans les points de concentration de la pollution, mais elles ont un impact limité sur la protection de la société dans son ensemble. Les modes de déplacement, autres que la voiture, en particulier les transports en commun ou les moyens non motorisés peuvent entraîner un changement des comportements, réduire l'encombrement des routes et avoir une influence à long terme sur les émissions de polluants ». Selon l'OMS, aucune mesure de réduction de la pollution ne sera toutefois suffisante « sans un engagement de la société en faveur de la pureté de l'air. Pour atteindre cet objectif, il faudra à la fois une planification à long terme, des mesures d'incitation fiscales ou législatives et une sensibilisation du public ».
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